À mesure qu’il progresse vers son objectif annoncé de conquête de la nature, l’homme laisse derrière lui un impressionnant sillage de destructions, affectant la Terre où il habite et les êtres qui partagent avec lui cette demeure. L’histoire des siècles derniers a ses sombres épisodes : le massacre des buffles dans les plaines de l’Ouest américain, le massacre des oiseaux marins par les chasseurs de gibier d’eau, la quasi-extermination des aigrettes pour leur plumage. À ces tueries, l’époque actuelle ajoute un chapitre, une nouvelle sorte d’hécatombe : l’empoisonnement direct des oiseaux, des mammifères, des poissons, et de pratiquement toutes les formes de la vie animale au moyen d’insecticides chimiques répandus aveuglément.

Selon la philosophie qui semble maintenant guider nos destinées, rien ne doit barrer le chemin aux hommes armés du pulvérisateur. Les victimes collatérales de leur croisade contre les insectes n’ont aucune importance ; si des rouges-gorges, des faisans, des ratons laveurs, des chats ou même des bœufs se trouvent habiter le même coin de terre que l’insecte pourchassé et sont pris sous l’averse insecticide, personne ne doit protester.

À l’automne 1959, 11 

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