Finance : le beurre et l’argent du beurre
Temps de lecture : 3 minutes
Les commentateurs -comparent souvent la -gestion des États à celle des ménages : c’est « en bon père de famille » que les budgets nationaux doivent être tenus ! Mais cette image est trompeuse : infiniment plus complexe que celui d’un ménage, l’établissement du budget d’un État est en soi une construction éminemment politique.
Tenus par les instituts nationaux de statistique, les comptes de la nation font la synthèse de tous les flux monétaires à l’intérieur et aux frontières d’un territoire. En avril 2009, Eurostat, l’institut de statistique européen, procède à la validation des chiffres grecs : le déficit public s’établirait l’année précédente à 5 % du produit intérieur brut, un niveau très moyen en Europe. La droite au pouvoir prédit un déficit à 6 % en 2009, en légère augmentation. Mais coup de théâtre fin 2009, le gouvernement socialiste nouvellement élu annonce un déficit plus que doublé : 12,7 % ! La Grèce devient subitement le pays le plus endetté d’Europe. Les événements se succèdent, implacables : défiance des marchés, hausse des taux, alourdissement de la charge de la dette, plans d’austérité et crise sociale majeure – malgré plusieurs tentatives européennes de sauvetage.
Quelles découvertes ont conduit le gouvernement grec à appuyer sur la détente de ce mécanisme fatal en 2009 ? Les experts parlent d’une sous-évaluation de certaines dépenses de l’État (notamment en armement et en santé) et de dettes contractées par des entreprises publiques indûment exclues du déficit public. Ces conclusions font aujourd’hui encore débat, au point que des responsables grecs sont accusés d’avoir artificiellement gonflé le déficit. Édictées par Eurostat, les règles d’inclusion et d’exclusion de ces montants dans la dette publique ne font pas consensus et sont de fait diversement appliquées.
L’expertise des comptes grecs a en tout cas permis de mettre à jour une vaste opération de maquillage opérée avec l’aide de Goldman Sachs : pour la somme de 200 millions de dollars, cette grande banque d’investissement a aidé la Grèce à escamoter un milliard d’euros de dette avec les outils de la « finance créative » (temporairement seulement). Si la Grèce n’est pas le seul pays à recourir à ce type de techniques, elle en paie aujourd’hui le prix.
« la seule sortie possible est la croissance »
Pascal Lamy
La victoire de Syriza constitue-t-elle un danger pour la zone euro et pour la cohésion de l’Europe ?
Non. Il n’y a plus de danger systémique pour la zone euro comme il y en avait en 2008. De vrais murs ont été construits, …
Rilance
Robert Solé
Comment serrer les freins tout en lâchant du lest ? En juillet 2010, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, avait dû faire preuve d’imagination. La rigueur lui paraissait nécessaire, mais il ne fallait surtout pas employer ce terme qui était t…
Les cobayes grecs
David Stuckler
Sanjay Basu
Les experts du FMI avaient calculé que les dépenses publiques de santé en Grèce devaient être ramenées à 6 % du PIB, quand la moyenne dans l’Union européenne se situe à 10 %. Le ministère de la Santé vit d…