« Les ordinateurs n’ont pas de volonté propre »
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L’irruption ces dernières semaines du logiciel ChatGPT a déclenché un phénomène d’intérêt inédit pour les techniques d’intelligence artificielle. Pourquoi une telle curiosité ?
Ce n’est pas la première fois que l’IA suscite un grand intérêt – il faut se souvenir du choc qu’avait été, en 2017, la victoire du programme AlphaGo contre le champion du monde de go, ce qui paraissait alors une prouesse considérable. Mais ce dont on n’a pas forcément conscience, c’est à quel point la science de l’intelligence artificielle transforme le monde depuis une soixantaine d’années au moins. Le Web par exemple, avec son modèle d’hypertexte – le fameux « http » des adresses des sites internet – est un exemple de mémoire programmée avec des techniques d’intelligence artificielle. L’irruption de ChatGPT, avec celle d’autres programmes ces derniers mois, marque toutefois une rupture, à la fois parce que ce sont des outils désormais facilement utilisables par le grand public et en raison de la qualité assez stupéfiante des résultats.
Pourtant, on a beaucoup insisté ces dernières semaines sur les limites du programme et ses erreurs…
Bien sûr, les textes produits par ChatGPT ne sont pas sans défauts, et il faut le rappeler. Il n’empêche que les progrès accomplis ces dernières années n’en restent pas moins bluffants, y compris pour les experts du secteur. Je pense par exemple aux avancées formidables faites en matière de traduction automatique : pour traduire un texte de n’importe quelle langue, on jugeait jusqu’ici qu’il ne suffisait pas de générer des règles syntaxiques de grammaire, mais qu’il fallait une interprétation sémantique du texte, une compréhension du contexte, ce que font des traducteurs humains. Or les nouveaux outils parviennent à sauter cette étape en s’appuyant sur la masse gigantesque de textes emmagasinés ! Ça ne signifie pas que tout est toujours parfait, car justement la machine ne « comprend » pas le texte. Dans le cas de la génération de textes, par exemple, ce que fait ChatGPT, cela peut conduire à des réponses absurdes, confuses, voire totalement fausses, simplement parce qu’il ne parvient à saisir ni le sens de ce qu’on lui a demandé ni celui de ce qu’il restitue.
L’intelligence artificielle n’est donc pas vraiment « intelligen
« Les ordinateurs n’ont pas de volonté propre »
Jean-Gabriel Ganascia
Tout en balayant certains fantasmes, dont celui des machines conscientes, Jean-Gabriel Ganascia, philosophe, informaticien et membre du conseil d’éthique du CNRS, évoque les dangers réels dont sont porteuses ces innovations et s’interroge sur les moyens de les réguler.
[Ordinatrice]
Robert Solé
Mon ordinateur commençait à avoir la grosse tête. Il se permettait de comparer son intelligence à la mienne.
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