En quarante ans de vie politique, les Français ont appris à connaître Alain Juppé. Tantôt « probablement le meilleur d’entre nous » selon Chirac, tantôt « droit dans ses bottes » lorsque, Premier ministre en exercice, les emmerdes volèrent en escadrille (encore du Chirac) : mouvement social monstre contre ses réformes, révélations du Canard enchaîné sur son logement parisien, sans oublier les emplois fictifs à la mairie de Paris pour lesquels il porta un chapeau un peu trop large. Rien ne lui fut épargné, de l’inéligibilité aux accents d’infamie à ce qu’il continue d’appeler lui-même son « exil » à Montréal. Aux oubliettes Juppé ! S’il brigue à présent la fonction suprême en brandissant son expérience comme avantage de l’âge – il en faut bien un ! –, le maire de Bordeaux casse aussi les codes à sa manière. Sous la Ve République, point de salut sans contrôle préalable d’un puissant parti. Raymond Barre et Édouard Balladur ont chèrement payé d’avoir feint de l’oublier. Juppé le sait aussi. Or la machine des Républicains n’est pas à sa main. C’est pourquoi l’impétrant ne manque jamais une occasion de répéter que la primaire de la droite et du centre est ouverte à tous. Son calcul est simple : si le vote est « confisqué » par le noyau dur des Républicains acquis à Nicolas Sarkozy, celui-ci ne fera qu’une bouchée de son rival. Si, en revanche, les électeurs de droite se mobilisent largement au-delà des militants purs et durs, Juppé à toutes les chances de l’emporter. 

 

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