Une gauche perdue
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La gauche peut-elle gagner la présidentielle en 2022 ? Et une femme peut-elle la conduire à la victoire ? Cette question à deux étages peut sembler incongrue. Elle suppose d’abord qu’il existe encore une gauche, et qu’une personnalité féminine issue de ses rangs serait en mesure de l’emporter. Même si on admet que rien n’est jamais joué à l’avance dans un scrutin de cette nature (rappelons-nous 2017), ne pas enterrer la gauche dans la course à l’Élysée paraît relever de la méthode Coué. Et imaginer une femme de gauche présidente reste très improbable. Les institutions de la Ve République et le suffrage universel, du général de Gaulle à Emmanuel Macron, n’ont-ils pas consacré huit hommes en six décennies ?
L’affaire est complexe à plus d’un titre. Depuis l’élection il y a quatre ans d’un candidat inattendu et autoproclamé disruptif, laissant penser qu’il pouvait être « et de droite et de gauche », la recomposition politique à l’œuvre a brusquement brouillé les repères. Si Brice Teinturier rappelle que la gauche n’a pas disparu du paysage politique français, « 30 % de nos concitoyens souhaitant élire en 2022 un de ses candidats », sa situation reste critique. Comme celle de la droite dite classique, rétorqueront les plus réalistes, le chef de l’État ayant rallié à sa cause plusieurs leaders et nombre d’électeurs de ce camp. Un président « de droite et de droite », cinglent ses détracteurs.
Le terrain mouvant sur lequel Emmanuel Macron a entraîné le jeu politique n’en finit pas de déboussoler les partis, y compris le sien, au point que leurs leaders sont, dans bien des cas, devenus évanescents ou introuvables. La partie est rendue plus délicate pour une gauche perdue qui ne sait ni se rassembler ni se positionner clairement sur les thèmes où l’attend son électorat – des inégalités aux urgences environnementales, de la sécurité à l’immigration –, ni dégager une figure de proue incarnant un nouvel élan. Le tour de chauffe des régionales le montre déjà cruellement.
Dans cette confusion mêlée d’incertitude, il nous a paru pertinent d’interroger une élue phare de la gauche, la maire de Paris Anne Hidalgo, pour connaître son analyse sur les enjeux qui attendent sa famille politique, sa réflexion quant aux grandes options à prendre pour le pays, et savoir quel rôle elle pourrait ou voudrait jouer dans la campagne de 2022. « Je suis convaincue qu’une femme peut changer le rapport au pouvoir », affirme-t-elle. Cet entretien est le premier de la série que le 1 consacrera dans les mois à venir aux grands acteurs politiques à l’approche de l’élection présidentielle. Car, à moins d’un an de ce rendez-vous majeur, la campagne est lancée.
« Une femme peut changer le rapport au pouvoir. Ce serait ça, la disruption ! »
Anne Hidalgo
Vous êtes née à San Fernando, en Espagne, et avez pris la nationalité française en 1973. Que représente pour vous l’idée de la France ?
Je suis née en Espagne, près de Cadix. Avec ma famille, nous sommes arrivés en France quand j’avais …
[Gauches]
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Quatre écueils à l’horizon de 2022
Brice Teinturier
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