Créateur de la revue Souffles, Abdellatif Laâbi est torturé et incarcéré par le régime de Hassan II. Libéré en 1980, il part cinq ans plus tard en banlieue parisienne. Contre tous les despotismes, il continue de s’émerveiller : « Plus que de la naissance / et de la mort / la plus grande énigme / n’est-elle pas celle / de l’amour ? »

Homme de l’entre-deux
qu’as-tu à chercher
le pays et la demeure
Ne vois-tu pas qu’en toi
c’est l’humanité qui se cherche
et tente l’impossible ?
 
Homme de l’entre-deux
sais-tu que tu es né
dans le continent que tu as découvert
Que l’amour t’a fait grandir
avant que la poésie
ne te restitue ton enfance ?
 
Homme de l’entre-deux
ta voile
ce sont les voiles qui se dressent encore
sur ton itinéraire
Appartenir dis-tu ?
Tu ne t’appartiens même pas
à toi-même

Homme de l’entre-deux
accepte enfin de te réjouir
de ta liberté de parole
et de mouvement
Les miracles se fêtent
surtout quand ils s’accomplissent
au détriment des tyrans
 
Et maintenant
quelle autre promesse
veux-tu arracher à l’automne
Juste l’énergie pour le livre suivant ?
Soit
Adjugé
et bon vent !

Créteil-Harhoura
Novembre 1999-octobre 2002
Abdellatif Laâbi, extrait de L’automne promet, repris dans Œuvre poétique II © La Différence, 2004

 

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