Une victoire dans la défaite
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À l’approche des élections, les sondages se multiplient et s’accordent pour prévoir des scores historiques pour les candidats présentés par le Front national. Ce faisant, cette possibilité s’installe concrètement dans les consciences, suscitant espoirs chez les uns, inquiétudes chez les autres. Mais aussi, il ne faut pas l’oublier, beaucoup d’indifférence.
Reprises dans la presse, plusieurs de ces études d’opinion insistent sur le rôle des classes populaires dans cette victoire attendue : selon un sondage Ifop-Journal du dimanche de février, les scores du FN devraient dépasser 50 % chez les ouvriers et 41 % chez les employés, preuve de l’écho croissant que les idées du parti de Marine Le Pen rencontreraient dans cette « France d’en bas ». Mais on oublie souvent de rappeler que, si ces catégories semblent favoriser le vote FN, elles se caractérisent également par un abstentionnisme record : prévu dans le même sondage à 65 % chez les ouvriers et 71 % chez les employés ! À en croire ces chiffres, seuls 12 % des employés et 17 % des ouvriers devraient se déplacer fin mars pour donner leurs voix aux candidats frontistes de leurs départements. Dans ces catégories sociales, le grand vainqueur de ces élections sera donc l’abstention et les grands perdants les partis républicains qui voient leur base électorale s’effriter inexorablement. Ce lien entre abstention et vote FN s’observe également en sens inverse : c’est dans les catégories les moins abstentionnistes que le vote FN serait le plus faible. Ainsi, contrairement aux idées reçues, les retraités devraient à la fois connaître un taux d’abstention faible (33 %) et un vote FN contenu (17 %).
Ces quelques résultats, trop fragiles, rappellent l’intérêt de recourir à des recherches sociologiques plus fines pour analyser ces évolutions. Ils nous incitent à nuancer les constats trop rapides du succès du vote extrême dans les milieux populaires. Enfin, peut-être plus qu’une victoire du FN, ils annoncent la défaite d’une démocratie représentative à bout de souffle.
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