Des bulles radicales et hermétiques
Pendant plusieurs mois, des étudiants de l’École de journalisme de Sciences Po ont créé de faux comptes Facebook pour mesurer l’influence politique du réseau. Une expérience qui leur a révélé le cloisonnement mais aussi la violence promus par l’algorithme. Trois d’entre eux témoignent.Temps de lecture : 5 minutes
Marie Dorcet : profil France insoumise
Observer Facebook pour comprendre son influence sur l’opinion politique : le projet semble ambitieux, un peu utopique. Pourtant, en trois mois, j’ai l’impression d’avoir redécouvert ce réseau social que je consulte quotidiennement depuis dix ans. Et d’avoir vu un jeu de manipulation se dérouler sous mes yeux.
Dès le début, une question me taraude : comment avoir des « amis », alors que Marie Martin, la sympathisante insoumise que j’ai créée, n’existe pas ? Rapidement, le scepticisme laisse place à la stupeur : en apposant un filtre « Je vote France insoumise » sur ma photo de profil, les demandes arrivent, certains jours par dizaines, de la part de personnes qui n’ont en commun avec mon avatar que la lettre , symbole du mouvement, sur une photo.
Et ce groupe d’amis fonctionne comme un groupe de résistants. Beaucoup sont déjà acquis à la cause, on est entre nous, on s’encourage, on remotive les troupes. Et on essaye de prouver à ceux qui seraient encore tentés par les écologistes ou les socialistes que la France i
« Sur Facebook, l’information est structurellement défavorisée »
Bruno Patino
Pouvez-vous quantifier l’impact des réseaux sociaux sur la population ? Combien de temps passons-nous devant les écrans ?
Les études indiquent qu’il y a 6,5 écrans branchés par foyer en moyenne. Les personnes interrogées sous-estiment généralement ce…
[Infox]
Robert Solé
Selon l’ONG internationale Avaaz, les fake news circulant sur Facebook dans les groupes de Gilets jaunes ont été vues plus de 105 millions de fois entre novembre 2018 et mars 2019. En anglais, comme chacun sait,&nbs…