Les États-Unis et l’Iran ne sont pas en guerre. Mais Donald Trump a donné l’ordre à son armée de liquider le « numéro 2 » du régime des mollahs. Le 3 janvier, un tir de drone a pulvérisé le convoi du général Qassem Soleimani, illustre inconnu du grand public occidental et soldat vénéré en Iran.

L’Iran et les États-Unis ne sont pas en guerre, mais Téhéran avait organisé l’assaut de l’ambassade américaine à Bagdad, la capitale irakienne, en décembre dernier, selon un scénario devenu habituel : miliciens chiites en colère débordant les services de sécurité, cherchant à mettre le feu aux bâtiments et à la bannière étoilée. Dans ce pays dont l’Iran cherche à faire son arrière-cour, les mollahs demandent le départ des troupes US.

Les États-Unis et l’Iran ne sont pas en guerre, mais Donald Trump ne cesse d’accroître la rigueur des sanctions économiques qui visent son ennemi.

L’Iran et les États-Unis ne sont pas en guerre, mais Téhéran vise régulièrement les alliés régionaux de Washington, tantôt en bombardant les installations pétrolières saoudiennes, coupant ainsi temporairement la moitié de la production de l’Arabie saoudite, tantôt en aiguillonnant le Hezbollah libanais et le Hamas de Gaza contre Israël.

Bref, s’il ne s’agit pas d’une guerre, il est bien question d’un conflit ouvert entre le fort et le faible, le Grand Satan et le Diable.

Le 1 propose dans ce numéro de saisir la crise actuelle à travers la longue durée et la géopolitique. Sylvain Cypel raconte l’histoire de cette relation tissée de haine et de fascination inaugurée en 1953. Et dans un grand entretien que nous a accordé le géographe Michel Foucher, nous analysons les conséquences de cette politique des coups tordus. La guerre finira-t-elle par être déclarée ?

À ce stade, entre la grande puissance mondiale et la puissance régionale affaiblie, la partie est inégale. Le « pot de terre » s’enorgueillit d’une histoire millénaire prestigieuse, pratique le jeu d’échecs avec art, persiste à vouloir exporter sa révolution islamique et à cultiver une forte ambition nucléaire. Le « pot de fer » dirigé par Donald Trump se moque bien, pour sa part, de l’histoire. Il déchire sans trembler des traités internationaux signés par ses prédécesseurs et menace de détruire des sites culturels iraniens. Le patrimoine mondial de l’Unesco reste pour lui une notion vague. Le « pot de fer » vit dans le moment présent ; le « pot de terre » vit dans un temps long. Mais l’un et l’autre entretiennent soigneusement leur ressentiment. Rien de rassurant… 

 

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