[…]
Et alors
Raconte-moi l’histoire des bombes qui tombèrent pendant que je dormais,
Et des joues que mouilla la rosée pendant que je dormais,
Et combien de canards s’envolèrent au-dessus des mers.
En ces heures tumultueuses où les chenilles des blindés
Traversaient les rêves des enfants,
Dis-moi au pied de quel refuge
Le canari attacha le fil jaune de son chant.
Quelles sont ces marchandises innocentes qui atteignirent nos ports,
Et qui comprit jamais la musique positive de l’odeur de la poudre à feu,
Et quel goût sécréta l’arôme inconnu du pain
Dans le palais des prophètes ?

Et animé d’une foi aussi rutilante que le feu de l’Équateur,
Je te ferai asseoir sur le seuil d’un jardin.

Les Pas de l’eau, traduit par Daryush Shayegan, La Différence, « Orphée », 1991

Le poète dort, tandis que tombent les bombes. Il dort comme le mystique, s’abreuvant seul à « l’oasis dans l’Instant ». Mais voici qu’apparaît un compagnon de voyage : l’amour… L’écrivain et peintre iranien Sohrāb Sepehrī est en quête de la Vérité, entre « l’immémoriale vision du lotus / et l’actualité de notre siècle ». 

 

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