Il était une foi en France
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Autour de la table de Noël voisinent bien des croyances. Il y a ceux qui croient en Dieu et patientent avant la messe de minuit. Ceux qui croient au père Noël et guettent la cheminée. Ceux qui croient aux signes et devinent des figures dans les ombres du jardin. Ceux, aussi, qui affirment ne croire en rien, mais restent convaincus qu’il faut éviter à tout prix d’accueillir un treizième invité. Certains sont empreints de religiosité, d’autres de superstition, de mystique ou de confiance dans les pouvoirs de la nature. Ensemble, ils dessinent un pays singulier, pétri de spiritualité, une mosaïque de regards tournés vers le ciel ou la terre, en quête de salut ou de transcendance.
Ce numéro double du 1 hebdo vous propose pour les fêtes un voyage dans cette France des croyances, un périple qui déroule un paysage des plus étonnants. D’un côté, il confirme le recul continu des religions traditionnelles – islam et protestantisme évangélique mis à part –, dont le meilleur symbole est sans doute le déclin de la foi dans l’existence de Dieu, pour la première fois minoritaire dans le pays. Mais ce mouvement de fond, qui fait de la France une des terres les plus athées d’Europe, n’a pas pour autant donné naissance à une population de « mécréants », qui aurait pour de bon tourné le dos aux dogmes et aux mystères. Depuis le début du siècle, la part de ceux qui affirment croire aux esprits, à la sorcellerie, à la réincarnation ou encore à la voyance a nettement progressé. Et même parmi les incrédules les plus farouches, ils sont quelques-uns à ne pas bouder les prédictions de l’astrologie ou la fascination du chamanisme.
Que signifie ce retour de la magie, dans un monde ultramoderne, gouverné par la science et la technique ?
Que signifie ce retour de la magie, dans un monde ultramoderne, gouverné par la science et la technique ? Que dit-il de nos aspirations à croire à une réalité autre, à une existence moins robotique ? Face à ces questions existentielles, nous avons convoqué philosophes, sociologues, anthropologues et neuroscientifiques, histoire de mieux comprendre à leurs côtés les univers multiples de la croyance. Certains d’entre eux sont religieux, d’autres non. Mais tous interrogent cet acte qui nous porte à croire, là où s’arrête le savoir. Car le drame de notre temps, en réalité, n’est pas de croire trop ou trop peu. C’est d’oublier en chemin ce compagnon indissociable de la croyance qu’est le doute. Puisse-t-il nous guider dans l’année nouvelle, qui marquera le dixième anniversaire du 1. Mais avant de songer à 2024, il nous reste à vous souhaiter, à toutes et à tous, de très joyeuses fêtes !
« La frontière entre croyance et incroyance se trouble »
Jean-Paul Willaime
Le sociologue Jean-Paul Willaime analyse les mutations du paysage religieux français.
[Credo]
Robert Solé
J’ai cru au père Noël. Et, tout naturellement, au petit Jésus, présent dans la crèche, tout près du sapin. Il ne perdait rien pour attendre, ce nourrisson si fragile, réchauffé par le souffle de l’âne et du bœuf : ses cadeaux à lui arriveraient quelques jours plus tard, avec les rois mages.
« Notre cerveau est une machine à fabriquer des croyances »
Andrew Newberg
L'analyse du neurothéologien Andrew Newberg.