Le déclin n’est pas sûr
Temps de lecture : 2 minutes
En 2006 sortait discrètement sur les écrans une série B potache, appelée à devenir culte au fil des années. Dans Idiocracy, un soldat américain lambda est placé en hibernation, et ne se réveille que cinq cents ans plus tard pour découvrir une Amérique dystopique, dominée par les multinationales, et où l’intelligence de la population a chuté après que les personnes les plus éduquées ont cessé de faire des enfants. Devenu l’homme le plus brillant de la planète, Joe va devoir batailler contre la bêtise ambiante et ses conséquences, la pollution et la consommation de masse…
Est-ce l’avenir qui nous est promis ? Sommes-nous condamnés à cette dégénérescence, à cette stupidité généralisée ? C’est ce que claironnent volontiers les chantres du déclin intellectuel, qui s’alarment aujourd’hui de la baisse du niveau scolaire, du recul de la lecture, de l’appauvrissement de l’orthographe ou de l’abrutissement des loisirs modernes… Dans un monde saturé d’images et de réseaux sociaux, la nouvelle génération virerait forcément plus crétine que les précédentes. Un discours qui pourrait être convaincant, si on ne le retrouvait pas déjà énoncé, de loin en loin, à toutes les époques historiques : Chateaubriand pendant la Restauration, Ernest Renan en 1880, Raymond Aron dans les années 1930, tous ont diagnostiqué l’inexorable chute de la culture occidentale. Et cette crainte du déclin peut même être retracée jusqu’à l’Antiquité, durant laquelle Platon, déjà, regrettait un âge d’or révolu de la pensée. Dans un article de 2012, « Notre cerveau fragile », le biochimiste américain Gerald Crabtree avance même que l’intelligence humaine aurait atteint son pic entre 2000 et 6000 ans avant J.-C., avant que les développements de la technologie et de la santé ne viennent perturber la sélection naturelle !
Aujourd’hui, ce thème de la décadence intellectuelle a repris de la vigueur, fort de nouveaux facteurs d’angoisse – la pollution de l’air et des sols, l’exposition continue aux écrans, la malbouffe, l’irruption de l’IA dans notre quotidien… Alors qu’en est-il vraiment ? Notre intelligence est-elle en péril ? Et d’abord, qu’est-ce que l’intelligence ? Dans ce numéro du 1, nous vous proposons de disséquer les arcanes de notre cerveau avec le physicien Étienne Klein et le neurologue Lionel Naccache, pour mieux comprendre la complexité de nos facultés intellectuelles. Avant de faire le point sur les fantasmes et les réalités qui entourent le développement cognitif, des petits comme des grands. Histoire de commencer l’année un peu moins bêtes…
« Notre cerveau est sans cesse modifié par les expériences que nous vivons »
Lionel Naccache
Le neurologue Lionel Naccache revient sur ce que les neurosciences nous ont appris sur le fonctionnement du cerveau et de l’intelligence humaine et évoque la façon dont les algorithmes peuvent constituer un puissant outil de développement, pour peu qu’ils soient mis au service de notre créativité…
[Intelligentsia]
Robert Solé
D’untel, on dit qu’il est remarquablement intelligent. D’un autre, qu’il n’a pas inventé l’eau chaude ou n’a pas la lumière à tous les étages. Mais qu’est-ce que l’intelligence ? Ce concept insaisissable concerne des performances dans des domaines très variés : rationnel, pratique, artistique, ém…
Faut-il se fier au QI ?
Lou Héliot
Une grande enquête de notre journaliste, qui permet de comprendre à quoi servent réellement les tests de QI et qui remet en perspective l’idée d’une baisse alarmante du niveau intellectuel des nouvelles générations.