Il y a quelque chose de pourri au royaume des arts et lettres. Cela remonte à près de vingt ans, quand le ministre de la Culture est devenu, par surcroît, ministre de la Communication. La petite histoire retiendra peut-être que la première à avoir endossé les deux casaques s’appelait Catherine Trautmann, dans le gouvernement de Lionel Jospin. C’était reconnaître que la culture avait cessé d’être centrale dans notre vision politique. C’était en 1997, mais le mal devait couver depuis longtemps. Nous avions eu André Malraux et Jack Lang ; on nous a infligé Philippe Douste-Blazy et Aurélie Filippetti. Une glissade continue. Voici les dernières nouvelles du front : l’actuelle ministre en charge de notre destin culturel, Audrey Azoulay, vient de donner son accord à l’introduction de la publicité commerciale sur les ondes de Radio France. Nommée depuis plus d’un mois, c’est sa première annonce. Le  symbole a quelque chose de navrant. Et la ministre laisse entrevoir que la publicité pourrait aussi revenir, après 20 heures, sur les chaînes publiques de la télévision. Précisons qu’elle n’en est jamais vraiment partie. Précisons aussi que la communication n’a rien d’indigne. Mais, comme son nom l’indique, elle a pour seule vocation de communiquer. La culture recèle pour sa part une étincelle, sacrée pour les uns, vitale pour les autres. Il ne faudrait pas tout mélanger. Prendre le commerce pour de la culture et inversement, comme cet industriel du luxe proclamant : « Quand je regarde un tableau, son prix monte. » Parole d’or… 

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