La culture dite « d’après » est prise dans une ambivalence : faire face à un désastre économique sans précédent ou mettre à profit ce temps d’arrêt historique pour se repenser. Le fait est que, pendant la crise, une série d’innovations, de créations et d’adaptations ont tracé les contours de cet « An 01 » de la culture, pour reprendre le titre de la bande dessinée culte de Gébé. Parue il y a cinquante ans, cette BD est indissociable de son slogan : « On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste ! » Aujourd’hui, ce n’est pas seulement à un exercice utopique que doit se livrer la culture, mais à un devoir de mémoire vis-à-vis des signaux et des formes qui se sont manifestés pendant cette crise. Une culture dé-formatée, démocratisée, agile et mouvante, s’est expérimentée en marge des habitus culturels. Reste à répertorier les espèces apparues au sein de cet immense réservoir du futur. Une typologie de la culture au temps du coronavirus devrait permettre d’y voir plus clair.

Des écrans aux fenêtres

Une femme avec une serviette sur la tête et une gousse d’ail en guise de boucle d’oreille se tourne légèrement vers l’objectif : c’est La Jeune Fille à la perle de Vermeer. Cette image fait partie d’un jeu artistique qui a gagné la planète et qui consiste à reproduire chez soi des tableaux de maître. Un « défi » mondial pour reprendre le vocable des réseaux sociaux, lancé par trois Hollandaises confinées (#tussenkunstenquarantaine), partagé par le Rijksmuseum d’Amsterdam, puis repris par le Getty Museum de Los

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