Festivals annulés ; salles, musées et médiathèques fermés ; intermittents du spectacle encore plus fragilisés… Un vrai désastre. On se console un petit peu en se disant que les grandes catastrophes accouchent de chefs-d’œuvre et que jamais autant d’inconnus, assignés à domicile, n’auront créé autant de textes, dessins, peintures ou vidéos.

La langue s’enrichit. Nous avons adopté confinement, réservé jadis aux prisonniers, et rêvons de déconfinement. Des termes médicaux, comme période d’incubation ou personne asymptomatique, nous sont devenus familiers. Des formules administratives, parfois étranges, comme distanciation sociale, font déjà partie du langage courant. Sans compter les gestes barrières, les passeports immunitaires et le mystérieux patient zéro.

Parallèlement, les néologismes font florès. Ils sont immédiatement diffusés et partagés, par le biais des réseaux sociaux. Chacun cherche à nommer cet événement inédit, à le dédramatiser, avec un zeste d’humour. Au coronapéro et ses variantes (skypapéro, whatsappéro…) s’ajoutent des mots-valises plus complexes, comme coronapocalypse, mélancovid ou covidiots (pour dénoncer ceux qui ne prennent pas le virus au sérieux ou font des stocks de papier toilette). Le directeur général de l’OMS y a lui-même contribué en mettant en garde contre les infodémies.

Le Petit Larousse et le Petit Robert auront de quoi nourrir et justifier leurs prochaines éditions. Mais il n’est pas sûr que les meilleures trouvailles passeront à la postérité. Quand ce cauchemar sera loin derrière nous, on aura certainement oublié le nouveau sens du mot déprimante, révélé par l’humoriste Nora Hamzawi : imprimante qui ne sert plus qu’à imprimer des attestations de sortie. 

 

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