J’ai bien mangé et j’ai bien bu… S’égosiller en groupe fait-il la peau du ventre bien tendue ? Ou est-ce un repas bien arrosé qui donne envie d’entonner une chanson à boire ? Les fausses notes font partie du menu : dans ces agapes bien assaisonnées, où la paillardise peut se glisser, rien n’interdit de chanter comme une casserole.

Il est des nô-ôtres, il a bu son verre comme les au-autres… Les textes ne sont ni d’Aragon ni de Jean-Loup Dabadie : le tout est que ça rime et soit facile à retenir. Qui peut oublier le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles du côté de Nogent ?

Ils sont nombreux, les chanteurs qui, avant de goûter au succès, avaient mangé de la vache enragée !

Des artistes ont su imposer des mélodies sans prétention : comme Bourvil avec sa salade de fruits jolie jolie ou Joe Dassin avec le petit pain au chocolat ayayaya. D’autres morceaux, taillés dans le gras, ne sont pas passés à la postérité. La Compagnie créole a fait danser une saison avec « J’aime les hommes et la tarte aux pommes », tandis que les Charlots se permettaient un hommage bien gratiné : « Paulette, Paulette, tu me tiens grâce à tes paupiettes. »

Ils sont nombreux, les chanteurs qui, avant de goûter au succès, avaient mangé de la vache enragée ! Beaucoup d’autres ont célébré la divine bouteille. « Le gros bleu qui tache » de Brassens, « ce velours » bien « lourd de menaces ». Ou le champagne, « l’ami qui soigne et guérit, […] jamais ne trahit », selon Higelin. On a cru Gainsbourg sur parole : « Je bois / À trop forte dose. / Je vois / Des éléphants roses. »

L’alcool est souvent le carburant des compositeurs et des poètes, et nul ne l’a mieux dit que Barbara : « Ils buvaient de l’absinthe / Comme on boirait de l’eau / L’un s’appelait Verlaine / L’autre, c’était Rimbaud. »

L’absinthe est passée de mode, mais ça sent toujours la bière de Londres à Berlin, et Dieu qu’on est bien ! 

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