À la question simple : « Quelle est la plus grande réussite de l’Union européenne ? », les ressortissants des 28 États membres se grattent la tête. La faute à l’euroscepticisme dont nous sommes tous atteints à des degrés divers. Les uns ne font pas confiance aux institutions de l’Union, les autres ne savent pas qu’elle constitue la première puissance économique mondiale. 

Parmi les 508 millions de citoyens de l’Union, seule une minorité, composée pour l’essentiel de seniors, a encore à l’esprit que l’Europe unie assure la pérennité d’un bien considérable et inédit : la paix. Demain, des historiens s’interrogeront sur ce phénomène miraculeux. Et ils expliqueront en termes savants que des centaines de millions d’humains sont parvenus à ne pas s’étriper à cause de l’Union européenne.

En attendant, la paix est un mot si léger qu’il est sorti de nos esprits. L’absence de guerres en Europe apparaît évidente, établie une fois pour toutes. Et il est vrai que, la paix étant bien réelle depuis plus de soixante-dix ans, chacun la pense inscrite à jamais dans notre ADN. Nous sommes les citoyens candides d’une « Europe Bisounours », selon la formule de l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine. Nous nous croyons sortis de l’histoire et ignorons que 83 % des conflits graves ont lieu dans un rayon de trois à six heures de vol de Paris, comme le rappelle le géographe Michel Foucher. En somme, l’Union nous sert de bouclier et nous nous payons le luxe de la bouder. 

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