Alphonse de Lamartine - César ou la Veille de Pharsale
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Je vis que j’étais né dans ces phases brillantes
Où des États vieillis les bases chancelantes
Dans l’abîme des temps s’écroulent à grand bruit,
Où tout dans l’univers ou change ou se détruit ;
Je le vis ; et de loin, dans la terreur commune,
J’en rendis grâce aux dieux et bénis ma fortune.
Réjouis-toi, César, ces jours sont faits pour toi !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je ne me hâtai point, j’attendis les instants :
Ce qui manque le moins à l’homme, c’est le temps ;
Et dans ceux où le sort a placé notre vie
L’occasion toujours se prodigue au génie.
En 1818, Lamartine a le projet d’une grande tragédie politique, César ou la Veille de Pharsale, mettant en scène l’illustre chef romain avant sa victoire décisive contre Pompée. De son dessein, demeurent ces quelques alexandrins, cités dans sa correspondance. On y lit l’admiration, qui ne durera pas, du poète royaliste pour le héros et dictateur ; mais aussi sa croyance messianique en une Providence qui choisit ses élus. Lui-même attend son heure. Auréolé par les Méditations poétiques, il devient député en 1834. Sans étiquette, en rêvant au contraire d’un parti qui serait plus qu’un parti, « une idée ». Car Lamartine en est persuadé : « la question prolétaire est celle qui fera l’explosion la plus terrible dans la société actuelle, si la société, si les gouvernants se refusent à la sonder et à la résoudre ». De quoi le pousser, lui le grand propriétaire, à convaincre les conservateurs de la nécessité d’une politique sociale, sans succès. Après la révolution de 1848, il devient ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire. Mais comment rassurer les bourgeois quand on instaure le suffrage universel ? Et les masses, si l’ordre n’est garanti qu’au prix de sanglantes répressions ? Les 1,6 million de suffrages qu’il avait obtenus aux législatives deviennent 18 000 votes à l’élection présidentielle. De quoi inciter à la méfiance tous les vainqueurs. Entre les extrêmes et les abstentionnistes, comment Emmanuel Macron doit-il gouverner pour apaiser le pays ? Et sauver l’unité de la République ?
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