Assemblée générale des Nations unies
37e session
18 octobre 1982
Amine Gemayel, 
président de la République libanaise 

Mais à présent nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle, en tête d’un chapitre plein d’espoir. Les super-puissances et les forces régionales reconnaissent -l’importance stratégique du Liban pour la paix au Moyen-Orient. Quant aux Libanais, ils ont tiré une leçon amère des événements qu’ils ont vécus et ils se retrouvent aujourd’hui plus unis que jamais. Je viens vous dire au nom du peuple libanais que nous en avons assez. Assez du sang, assez des ruines, assez du démembrement, assez du désespoir. Nous avons payé le prix élevé de la guerre. Nous ne devons pas payer un prix supplémentaire pour la paix. Ce que nous voulons, en tant que membre de l’Organisation des Nations, c’est que nos droits nous soient rendus. […]

Nous recevons des aides de plusieurs pays et organisations ainsi que des institutions des Nations unies et nous leur en sommes reconnaissants. Mais il faut que vous sachiez qu’à l’heure où je vous entretiens de -l’avenir avec optimisme, la situation au Liban et au Moyen-Orient demeure fragile. Seul un effort concerté de votre part est capable de renforcer les forces de paix dans la partie du monde à laquelle nous appartenons. Nous avons aujourd’hui l’occasion de mettre fin au cycle de la guerre et du chaos. Saisissons-la. Il est clair désormais que la paix au Liban est un préalable à la paix au Moyen-Orient. Il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient sans paix au Liban. La paix au Liban est essentielle pour la région. De sa stabilité dépend celle de cette région ; s’il sombre dans le chaos, il l’y entraînera. […]

Dans un poème écrit il y a un siècle à propos de l’Ouest américain, une phrase exprime le défi auquel l’homme doit faire face dans un terrain montagneux et rude. Cette phrase dit : « Amenez-moi des hommes qui égalent mes montagnes. » Mon pays aussi est un terrain rude et montagneux. Son peuple est courageux et fier, à l’image de ses montagnes. Aujourd’hui, au Liban, les hommes sont -pleinement conscients du défi historique qu’ils ont à affronter. Ils sont à l’image de leurs montagnes et leurs aspirations sont aussi hautes que leurs cèdres.

 

Conseil de sécurité des Nations unies
58e année
14 février 2003
Dominique de Villepin, 
ministre des Affaires étrangères de la France 

À ceux qui se demandent avec angoisse quand et -comment nous allons céder à la guerre, je voudrais dire que rien, à aucun moment, au sein de ce Conseil de sécurité ne sera le fait de la précipitation, de l’incom-préhension, de la suspicion ou de la peur. Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience. La lourde responsabilité et l’immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix. Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie. Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. Et qui pourtant n’a cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire, ensemble, un monde meilleur.

 

 

Assemblée générale des Nations unies 
67e session
27 septembre 2012
Benyamin Netanyahou, 
Premier ministre de l’État d’Israël 

Pendant l’année écoulée, j’ai perdu mon père et mon beau-père. Dans les mêmes unités de l’hôpital où ils ont été traités, les médecins isra-éliens traitaient des Arabes palestiniens. En fait, chaque année, des milliers d’Arabes des territoires palestiniens et arabes de tout le Moyen-Orient viennent en Israël pour être soignés dans des hôpitaux israéliens par des médecins israéliens. Je sais bien que personne à cette tribune n’en -parlera, mais c’est la vérité. Il est important que le monde soit conscient de cette vérité. C’est parce qu’Israël chérit la vie qu’il chérit la paix et recherche la paix. Nous cherchons à préserver nos liens et nos traités de paix historiques avec l’Égypte et la Jordanie. Nous cherchons à instaurer une paix durable avec les Palestiniens. 

Le président Mahmoud Abbas vient juste de prendre la parole ici même. Je lui dis et je dis à l’Assemblée que nous ne réglerons pas notre conflit en prononçant des discours diffamatoires à l’Organisation des Nations unies. Ce n’est pas la façon de le résoudre. Nous ne réglerons pas notre conflit avec des déclarations unilatérales d’indépendance. Nous devons nous asseoir à la même table, négocier ensemble et parvenir à un compromis mutuel, dans lequel un État palestinien démilitarisé reconnaisse le seul et unique État juif. 

 

Assemblée générale des Nations unies
29e session
13 novembre 1974
Yasser Arafat, 
président de l’Organisation de libération de la Palestine 

En s’adressant à l’Assemblée générale, aujourd’hui, notre peuple proclame sa foi dans l’avenir, il n’est pas enchaîné par les tragédies du passé ou par les limitations du présent. Si en parlant du présent, nous évoquons le passé, c’est seulement pour éclairer la voie dans laquelle nous allons nous engager à côté des autres mouvements de libération nationale. Si nous parlons des racines historiques de notre problème, c’est parce qu’il y a, parmi ceux qui sont présents ici, des gens qui, alors même qu’ils occupent nos maisons, font paître leurs troupeaux sur nos pâturages, cueillent les fruits de nos arbres, cultivent nos champs, prétendent que nous sommes des êtres désincarnés, sans aucune substance, sans traditions et sans avenir. Si nous parlons de nos racines, c’est aussi parce que certains, tout récemment encore, considéraient et considèrent toujours que notre problème est uniquement un problème de réfugiés et ont présenté le problème du Moyen-Orient comme un simple différend de frontières, ou guère plus, entre les États arabes et l’entité sioniste. Ils pensent que notre peuple revendique des droits qui ne lui appartiennent pas et lutte sans aucune raison logique ou valable, uniquement pour troubler la paix et à des fins terroristes. Il en est parmi vous – et j’entends par là les États-Unis d’Amérique et d’autres pays comme eux qui fournissent à notre ennemi des avions, des bombes et tous les engins de mort et de destruction.

 

Assemblée générale des Nations unies
39e session
4 octobre 1984
Thomas Sankara, 
président du Burkina Faso

Si j’ai accepté de me présenter devant cette illustre assemblée pour y prendre la parole, c’est parce que malgré les critiques qui lui sont adressées par certains grands contributeurs, les Nations unies demeurent la tribune idéale pour nos revendications, le lieu obligé de la légitimité des pays sans voix.

J’ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis venu pour demander à chacun de vous que nous puissions mettre ensemble nos efforts pour que cesse la morgue des gens qui n’ont pas raison, pour que s’efface le triste spectacle des enfants mourant de faim, pour que disparaisse l’ignorance, pour que triomphe la rébellion légitime des peuples, pour que se taise le bruit des armes.

 

Assemblée générale des Nations unies
89e session
3 octobre 1994
Nelson Mandela, 
président de la République sud-africaine

C’est certainement l’un des grands paradoxes de notre temps qu’en quarante-neuf ans d’existence, l’Assemblée entende aujourd’hui pour la première fois un chef d’État sud-africain venu de la majorité africaine de ce qui est un pays africain. Les générations futures trouveront extrêmement étrange qu’il ait fallu attendre si longtemps en ce xxe siècle pour que notre délégation puisse siéger à l’As-semblée, reconnue par notre peuple et par les nations du monde en tant que représentant légitime du peuple de notre pays. 

 

Assemblée générale des Nations Unies
15e session
26 septembre 1960
Fidel Castro, 

Premier ministre de Cuba 

On nous a fait la réputation d’être -prolixe, mais que l’Assemblée se rassure ; nous ferons notre possible pour être bref et exposer ce que nous croyons de notre devoir d’exposer ici. Et nous parlerons lentement, par égard pour les interprètes. […]

J’aimerais dire quelques mots sur l’origine des Nations unies. L’Organisation est apparue après la lutte contre le fascisme, après que des dizaines de milliers d’êtres humains sont morts sur les champs de bataille. Et c’est de cette lutte qui a coûté tant de vies humaines qu’est issue cette organisation, comme une espérance nouvelle. Et cependant, que de paradoxes extraordinaires ! Tandis que les soldats américains tombaient à Guam, à Guadalcanal, à Okinawa, ou dans l’une des nombreuses îles du Pacifique, d’autres soldats tombaient aussi sur le territoire de la Chine continentale en luttant contre le même ennemi – ces mêmes hommes à qui aujourd’hui l’on refuse même d’examiner la possibilité d’être représentés à l’Organisation des Nations unies. Et, tandis que nous avons vu les soldats espagnols de la Division bleue combattre en URSS pour défendre le fascisme, nous voyons aujourd’hui que l’on refuse même de discuter ici, à l’Organisation, le cas de la République populaire de Chine. Pourtant, un régime qui fut la conséquence du nazisme allemand et du fascisme italien, un régime qui s’est établi avec l’appui des canons et des avions d’Hitler et l’appui des « chemises noires » de Mussolini, a généreusement été accueilli à l’ONU. 

 

Assemblée générale des Nations unies 
61e session
20 septembre 2006
Hugo Chávez Frías, 
président du Venezuela 

L’année dernière, je suis venu ici dans cette même salle, comme je le fais depuis huit ans, et j’ai dit une chose qui s’est pleinement réalisée, à savoir que personne n’est en mesure de défendre ce système. Reconnaissons honnêtement que le système des Nations unies né après la Seconde Guerre mondiale a fait faillite. Il est inutile.

Et c’est pourquoi le Venezuela propose une nouvelle fois, ici, aujourd’hui, 20 septembre, une recréation des Nations unies. L’année dernière, nous avons fait quatre modestes propositions qui nous semblent d’une importance capitale pour le débat entre nos chefs d’État, nos chefs de gouvernement, nos ambassadeurs, nos représentants, et nous devons en discuter. 

La première, et le président Lula en a parlé hier ici même, est l’élargissement du Conseil de sécurité. […] Quatrièmement, nous devons renforcer, et nous l’avons toujours dit, le rôle et les pouvoirs du secrétaire général.

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