Dignité ? Qu’est-ce qu’il leur a pris, à la rédaction, de vouloir traiter un sujet aussi évident ? Que je sache, la dignité est une charge éminente, une distinction. On est « élevé à la dignité » de grand-croix de ceci ou de cela, on est un « haut dignitaire » de l’Église, de l’armée ou de l’État. Le mot illustre bien la société inégalitaire dans laquelle nous vivons depuis toujours.

– Oui, mais la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948, affirme que « tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits ».

– La dignité n’a donc rien à voir avec l’action accomplie ou les mérites ?

– Non. Elle est inhérente à tout être humain, indépendamment de l’âge, du sexe, de la condition sociale, de la religion, de l’origine ethnique ou de l’état de santé physique ou mentale. De ce fait, elle est inaliénable. Nul ne peut la retirer à quiconque. Et personne ne peut s’en défaire.

– Mais alors pourquoi dit-on « garder sa dignité » ?

– Savoir se tenir, ne pas perdre le contrôle de ses émotions peut être aussi bien un souci de respectabilité sociale qu’une manière de se respecter soi-même.

– Je m’y perds… Et l’indignation, alors ?

– C’est parfois un devoir. On peut manquer d’humanité en ayant une attitude indigne ou en ne s’indignant pas.

– Peux-tu répéter, s’il te plaît, en allant moins vite ?

– « Indignez-vous ! » proclamait en 2010 l’ancien résistant Stéphane Hessel dans un opuscule discuté, devenu un best-seller.

– D’aucuns n’avaient pas attendu cette recommandation pour sortir de leurs gonds à tout propos, dénonçant systématiquement des coupables présumés, en se donnant bonne conscience.

– Oui, il faut s’indigner avec dignité.

– Oh là là ! Qu’est-ce qu’il leur a pris, à la rédaction, de vouloir décortiquer un sujet aussi embrouillé ? 

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