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« Il n’y a pas d’adversaire global à contester »
Michel Foucher
Peut-on parler d’un « climat insurrectionnel » international ?
Gardons-nous d’une sorte d’illusion synchronique et photogénique dans ce constat télévisuel de foules occupant pendant les mêmes périodes des places centrales, de l’Alameda de Santiago du Chili à la place Tahrir de Bagdad en passant par le Grand Sérail de Beyrouth et le Causeway Bay de Hongkong. Ce n’est pas parce que ces images sont tournées le même jour que ces soulèvements ont les mêmes causes ; chacun a sa genèse propre. Avec les médias sociaux adeptes du « présentisme » et les chaînes d’information en continu, un mouvement social devient une marchandise médiatique. Et s’il y en a deux ou plus, c’est considéré comme un fait total. À tort. On observe en fait une agrégation de mouvements strictement nationaux, avec une combinaison spécifique de facteurs, même si les enjeux sont toujours économiques, politiques et, souvent, symboliques. Avec une exception, en Irak, où la terrible répression est conduite sous la houlette des milices pro-iraniennes. Il n’y a pas d’adversaire global à contester, comme ce fut le cas lors des manifestations contre la guerre du Vietnam en Europe et aux États-Unis. Et le slogan libanais « La révolution, c’est la vie » indique le besoin de dignité dans un pays pillé par quelques familles. Il faut donc prendre le temps d’analyser les contextes particuliers de chacun de ces mouvements.
Y a-t-il néanmoins des points communs entre les différents mouvements qui ont émergé ces dernières semaines à travers le monde ?
Le point commun est structurel : des faits mineurs – la hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la taxe sur les communications par WhatsApp au Liban… – deviennent des étincelles et provoquent soudainement l’expression publique et collective de profondes frustrations accumulées depuis longtemps.
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[Monte-Carlo]
Robert Solé
Si j’étais Albert II, je m’inquiéterais. D’Alger à Hongkong, de Beyrouth à Santiago, des foules en colère dénoncent les pouvoirs en place. Pourquoi ce mouvement tous azimuts épargnerait-il Monaco ?
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