Nous vivons une drôle d’époque aux États-Unis. Donald Trump compte parmi ses partisans des racistes blancs et des électeurs (des électrices surtout) qui sont sensibles à sa célébrité et le trouvent amusant. Mais le groupe le plus important, qui recoupe sans doute en partie les deux précédents, est constitué par les gens qui se sont fait constamment entuber depuis l’élection de Reagan en 1980 et dont la colère a atteint son point culminant avec l’effondrement du vaste système frauduleux des crédits hypothécaires de 2008. (Bernie Sanders fait lui aussi recette auprès de cette frange – considérable – d’électeurs.)

Beaucoup d’Américains ont pris conscience que les États-Unis sont devenus, à tous points de vue, une oligarchie – l’écart de revenus et de richesse entre les 5 % les plus fortunés et les 95 % restants est aujourd’hui plus prononcé qu’au Brésil ! Les positions défendues par Trump – dire merde aux accords de libre-échange avec l’Asie et l’Amérique latine, rétablir le protectionnisme, se débarrasser des « étrangers », torturer les terroristes présumés – trouvent un écho chez ces gens (extrêmement crédules). Les comparaisons avec Mussolini ne sont pas infondées. Qui aurait pensé que les États-Unis allaient mal au point d’envisager d’investir comme candidat à la présidentielle un caudillo dans la tradition latino-américaine ? Il est extrêmement intéressant aussi de voir les vaines tentatives du Parti républicain pour faire barrage à Trump. Nous assistons à la débâcle pure et simple des élites qui dirigent le parti et détestent les pauvres. 

 

Traduit de l’anglais par ISABELLE LAUZE

Vous avez aimé ? Partagez-le !