Les mots ont leur importance. Il y a ce qu’ils disent, et ce qu’ils ne disent pas. Conduire chaque matin son enfant dans une « école maternelle », par exemple, n’a rien d’anodin : alors que la parentalité se conçoit différemment d’il y a cinquante ans, voilà une dénomination qui laisse bien peu de place aux hommes dans le monde des tout-petits. Ils sont de plus en plus nombreux pourtant, jeunes pères, professeurs des écoles, assistants de puériculture, à vouloir y jouer un rôle, loin des stéréotypes et des assignations anciennes. Il est grand temps de les conforter, et de sacrer l’école comme lieu d’apprentissage de la différence et de la mixité. Il y a quelques années déjà, la députée socialiste Sandrine Mazetier avait alerté le ministre de l’Éducation d’alors, jugeant que l’appellation « maternelle » laissait entendre que l’univers de la petite enfance devait rester « l’apanage des femmes ». Lettre restée sans réponse. Il n’est pourtant pas si difficile d’imaginer un autre terme. Nos voisins y ont déjà pensé pour nous. Pendant longtemps, la maternelle s’appela ainsi « école gardienne » en Belgique. Aujourd’hui encore, elle a pour nom « école enfantine » en Suisse. Rien ne nous interdit, à notre tour, de nous montrer créatif. Une chose est certaine : il a fallu près d’un siècle pour autoriser les hommes à enseigner en classes maternelles. En faudra-t-il autant pour mener à bien cette réforme, symbolique certes, mais somme toute enfantine ? 

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