En Inde, la maternelle est un privilège
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New Delhi. En 1931, le Mahatma Gandhi ridiculisait l’aspiration des indépendantistes indiens à développer une éducation primaire universelle « en moins d’un siècle ». Une tâche impossible selon le Mahatma. L’Histoire lui a donné tort. En vingt ans, l’Inde a fait des progrès herculéens en matière d’éducation primaire et secondaire. En 1991, le taux d’alphabétisation était de 43 % ; en 2011, date du dernier recensement national, il était de 74 %. Aujourd’hui, 93 % des enfants se rendent à l’école primaire. Mais il reste encore un défi à la mesure de ce pays-continent : la prise en charge des plus jeunes. L’Inde compte 160 millions d’enfants de moins de six ans. Seul 1 % a accès à l’école maternelle.
Depuis l’indépendance, le gouvernement central a concentré ses efforts sur le primaire. Résultat, les écoles maternelles publiques sont presque inexistantes. La prise en charge des très jeunes enfants reste donc l’apanage des écoles privées. Et les coûts d’admission y sont élevés, 200 euros en moyenne, voire 1 000 euros pour les plus luxueuses. Dans ce pays où gagner 10 000 roupies par mois (140 €) vous range parmi la classe moyenne, inscrire sa progéniture au jardin d’enfants est un luxe que seules les catégories urbaines aisées peuvent s’offrir. Dans les grandes métropoles, les places sont rares et la concurrence rude. Si des organisations hindoues ou musulmanes ont ouvert leurs propres établissements, les écoles chrétiennes, héritage de la colonisation britannique, restent les plus réputées.
Dans les zones rurales, l’école maternelle n’est pas une option. S’occuper des jeunes enfants est à la charge des femmes et les infrastructures sont inexistantes. En outre, dans ce pays où une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, le travail des enfants est endémique : selon le gouvernement indien, 4,35 millions d’enfants, âgés de 5 à 14 ans, travaillent pour un salaire de misère.
En 2014, un arrêté publié par la Cour suprême pourrait changer la donne. 25 % des places en maternelle doivent être réservées aux basses castes, en général les couches les plus défavorisées de la population. Autre lueur d’espoir : à New Delhi, le gouvernement local a annoncé la création de 477 écoles maternelles publiques en 2017. Mais les infrastructures, vétustes et déjà surchargées, semblent être un obstacle de taille. Le manque de professeurs formés à cet enseignement si spécifique n’aide pas non plus.
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