Le tabou des statistiques religieuses
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En France, la religion n’a pas droit de cité dans les recensements publics depuis 1872. Un principe réaffirmé dans la loi du 6 janvier 1978 : « Il est interdit de collecter ou de traiter des données à -caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses. » Pensé pour protéger la vie privée, cet interdit a longtemps -entretenu une forte opa-cité dans le débat et alimenté la controverse chez les statisticiens publics. Seuls les instituts de sondage, échappant à ce cadre, s’autorisaient à aborder la question et à avancer des estimations fragiles.
En juin 2010, le ministère de l’Intérieur, également chargé des cultes, produit une estimation du nombre de musulmans en France reprise par son ministre, Claude Guéant : « 5 à 6 millions ». La controverse aidant, il s’avère que ce chiffre ne s’appuyait que sur un décompte des personnes provenant de zones à dominante musulmane (soit directement, soit par leurs parents). Or s’il existe bien un lien entre l’origine et l’appartenance religieuse, il n’est pas systématique : de l’aveu même du ministère, seuls 33 % de leurs enquêtés déclaraient une pratique religieuse liée à l’islam.
La controverse a eu le mérite de mobiliser la statistique publique, en ravivant la nécessité d’un dispositif de mesure efficace. La loi autorise en effet à aborder cette question si le contexte l’exige et dans un cadre strict assurant l’anonymat et le consentement des personnes interrogées. Une large enquête publique, « Trajectoires et origines », permet pour la première fois d’étudier l’affiliation religieuse des personnes interrogées : une approche bien plus pertinente que celle reposant sur la seule origine géographique.
Exploitant ces données, l’Institut national des études démographiques (Ined) a publié en 2013 une étude donnant la meilleure estimation du nombre de musulmans en France : 4,1 millions. Au-delà, ce travail propose une analyse de la religiosité des immigrés et de leurs descendants très utile dans le contexte actuel.
« L’islamisation est un mythe et nous sommes des animaux mythiques »
Raphaël Liogier
Pourquoi nombre de musulmans français se sentent-ils obligés de se dissocier des exactions de l’organisation État islamique alors qu’à l’évidence ils n’y sont pour rien ?
Ces dernières anné…
Tolérance
Robert Solé
Sommés de se désolidariser de l’État islamique, des musulmans de France s’en indignent : qu’ont-ils à voir avec les extrémistes d’Irak et de -Syrie ? Pourquoi les présume-t-on solidaires de ces fous furieux ? …
Deux Gaulles
Ollivier Pourriol
– « Pas en mon nom »… Comme s’il fallait prouver qu’on n’est pas un méchant musulman. Je ne sais pas, ça me gêne.
– « Pas en mon nom », en général, ça vient…