2 661 231 citoyens françaisont participé à la première primaire ouverte de l’histoire de la République le 9 octobre 2011. Soit près de vingt fois plus que les « encartés » du PS et du PRG. Surtout, le candidat sorti en tête avec moins de 40 % des votes fut élu président de la République ! Et tous les candidats, sauf Martine Aubry qui le refusa, furent nommés ministres. Donc tout est parfait et chacun ne rêve que de recommencer une histoire aussi belle. Et pourtant, n’y a-t-il pas comme un malaise ? Nous portons-nous vraiment mieux aujourd’hui qu’alors ? La difficulté du président Hollande à s’imposer ne vient-elle pas en partie de ce mode de sélection ? Le Premier ministre, qui fit moins de 10 % à la primaire, -dispose-t-il d’une légitimité suffisante pour gouverner et la gauche et la France ? À quoi peuvent donc bien servir les partis politiques s’ils ne sont plus le lieu de l’élaboration des projets et du choix des femmes et des hommes pour les porter ?

Les partis politiques sont partout « les boîtes noires » de la démocratie. Sans statuts juridiques précis, ce sont pourtant eux qui construisent les grands récits qui rassemblent les camps politiques, ce sont eux qui chantent les louanges de leurs anciens leaders et de leurs bilans, ce sont eux qui lient des forces diverses pour capter les attentes de la société et proposer des solutions. Or gagner une primaire est plus affaire de com et d’image, de tactique, que de débats avec les intellectuels, les entrepreneurs et les forces vives du pays. Et en cette période où le monde change plus vite qu’il n’a jamais changé, où la France est sans doute plus bousculée qu’en 1789, ce championnat de Ligue 2 indispensable pour accéder en Ligue 1 répond-il à l’immense besoin de travail, d’expérimentation et de voyage qui devrait former nos grands chefs à plumes ? 

La primaire est une idée démocratique, mais si la démocratie ne veut pas devenir un vaste barnum, il faut alors réinventer nos partis politiques pour qu’ils deviennent des lieux d’expertise. En se dotant par exemple d’un corps de cadres chargé d’élaborer les programmes et dont les membres ne se présenteraient pas aux élections. 

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