Il y a sur mon territoire des centaines de sirènes. Poissons d’eau douce, elles longent la Loire et la Vienne, veillent sur les centrales nucléaires de Chinon et de Civaux. Entre les deux, Loudun. La ville où j’ai grandi, à 21 kilomètres de la première, 75 kilomètres de la seconde. Ici mieux qu’ailleurs, on doit savoir reconnaître leur chant, le signal national d’alarme. Une alarme de 1 minute et 41 secondes qui retentit trois fois en cas d’accident, une seule en cas d’exercice. Quand le pays entier teste son alarme le premier mercredi de chaque mois à midi, j’imagine que des milliers de personnes, comme moi, comptent les secondes sur leurs doigts.

Des champs de maïs et quelques vignes, une campagne rase où la moindre butte se détache. Au milieu de ce plat pays, deux montagnes qu’on suit des yeux en voiture : les tours de refroidissement de Civaux. Elles culminent à 178 mètres. Deux cheminées de béton gris à la forme simple. Tout est très simple dans une centrale, même l’adresse : Centrale nucléaire de Civaux, route de la Centrale nucléaire, 86320 Civaux. En réalité, on sait rarement la situer, c’est elle qui nous guid

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