En 1983, sur une musique disco, Dalida inaugurait une nouvelle chanson, écrite et composée à son intention : « Moi, je veux mourir sur scène / Devant les projecteurs […] / Moi, qui ai tout choisi dans ma vie / Je veux choisir ma mort aussi. » Quatre ans plus tard, elle mettait fin à ses jours, et cette chanson apparaissait comme la plus emblématique de son parcours, marqué par autant de drames personnels que de succès publics.

Mais avait-on bien entendu toutes les paroles ? Dalida ne souhaitait pas s’écrouler en plein spectacle, comme frappée par la foudre, mais exercer son art le plus longtemps possible : « Moi, je veux mourir sur scène / En chantant jusqu’au bout. » C’est le vœu de la plupart des artistes, incapables de se résigner à la retraite. Tout le monde n’est pas Jacques Brel, tirant sa révérence en pleine gloire, après dix ans de carrière à peine.

De magnifiques interprètes s’obstinent à chanter jusqu’à leur dernier souffle, malgré une voix qui a pris beaucoup de rides. Moindre puissance, baisse d’intensité, timbre voilé, perte des graves ou des aigus… À la fin de sa vie, la voix rauque, brisée, Reggiani récitait plus qu’il ne chantait. L’immense Barbara était pathétique : presque aphone au cours de l’un de ses derniers concerts, elle avait laissé les spectateurs terminer en chœur une chanson…

Prenant les devants sans attendre d’être trahis par leurs cordes vocales, certains artistes décident une « tournée d’adieux », au grand désespoir de leurs fans. Puis ils se ravisent, comme Michel Sardou, qui avait « définitivement » quitté la scène en 2018 et qui y revient en 2023… pour une nouvelle tournée d’adieux. Il n’est pas simple de tirer le rideau après avoir été nourri de tant d’applaudissements pendant si longtemps. Anne Sylvestre le disait en chanson dans Fausse sortie : « C’est si difficile / De se séparer / Que je me faufile / Encore un peu de ce côté. » 

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