En France, le Code du travail précise que les contrats temporaires ne peuvent avoir « ni pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale permanente de l’entreprise ». De fait, en 2012, les contrats temporaires (CDD, intérim) ne représentent que 12 % des emplois, alors même que le CDI se maintient depuis le début des années 1980 comme la forme d’emploi la plus courante, et de loin.

Pourtant, le sentiment largement partagé d’une précarisation de l’emploi n’est pas infondé. Depuis les années 1980, les contrats temporaires ont plus que doublé (ils ne représentaient alors que 5 % des emplois). Et surtout, ils se sont mis à coloniser les offres d’emploi. L’Urssaf est le dépositaire d’une information intéressante : avant d’embaucher, les employeurs ont l’obligation de déclarer leur intention auprès de cet organisme en remplissant un formulaire, la déclaration préalable à l’embauche (DPAE), quelles que soient la durée et la nature du contrat de travail. Appariée aux informations disponibles sur l’intérim, la base de données construite permet de montrer qu’aujourd’hui 91 % des embauches projetées se font sur des contrats temporaires. Contrastant avec la relative rareté de ces contrats dans le salariat, leur présence écrasante dans les intentions d’embauche s’explique par leur durée de plus en plus courte : en 2012, les CDD concernent à 80 % des missions de moins d’un mois (contre 62 % en 2000). Et une mission d’intérim moyenne dure un peu moins de deux semaines.

Certes deux fois plus courant qu’il y a trente ans, l’emploi en intérim et en CDD continue de ne former qu’une minorité au sein du salariat. Mais une minorité d’autant plus visible que sa présence sur le marché de l’emploi est exacerbée aujourd’hui par le raccourcissement de la durée des contrats. 

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