Mes excuses si je débute ce contre-pied par un contre-pied dans le plat… mais devant l’épais tapis de reproches dont on couvre le CDD dans cette édition, j’ai eu envie de le défendre. 

Qu’on soit clair : associer systématiquement le CDD à la précarité, c’est mentir. 

Car si le CDD y propulse les employés, il en protège les employeurs. Le recours au CDD reste pour nos employeurs un des rares moyens d’ajuster par le bas le coût de leur masse salariale et par le haut leur moral. Moral pourtant bien entamé…

En effet, depuis près d’un siècle, intellectuels et travailleurs s’évertuent à s’insurger, beugler, dénoncer à tout va une casse sociale… sans voir qu’eux-mêmes contribuent à nourrir une casse financière, qui se joue à côté d’eux, dans l’indifférence la plus totale ! 

Dans une France où le recours aux stagiaires est sans cesse plus contrôlé, où le travail des enfants a été définitivement interdit en 1967, où l’esclavage est aboli depuis 1848… quel recours reste-t-il à nos entreprises pour leur permettre d’employer des gens sans avoir à les payer ? Aucun.

Alors combien de temps encore laisserons­-nous ces gens piétiner l’avenir de nos entreprises au prétexte de leurs droits ? Au motif qu’ils en souffrent ?

Hélas, la souffrance de l’individu prime le bien-être de la nation.

L’individualisme prime, là où le dualisme déprime. Le « nous » perd au détriment du « je ».

Et déjà que le « je » n’en valait plus la chandelle, car ma chandelle est morte (je n’ai plus de feu), c’est dire si le chemin qui s’ouvre à nous sera long tant les gens qui nous font face sont aussi déterminés que la durée de leur contrat. Pourtant une solution existe, aussi simple que salvatrice.

En effet, le point véritable de tension lié au CDD résulte du fait que le nom de « contrat » qui lui est associé est inadapté au regard de la réalité à laquelle il confronte.

À la lecture du Petit Robert (qui vraisemblablement doit être nain et non petit, si on en croit la période très longue depuis laquelle ses parents aiment à le faire passer pour petit) le terme de contrat renvoie à la définition suivante « Contrat : accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes et faisant naître des obligations entre elles. »

Et c’est là le problème du CDD. Par ce terme de « contrat », le CDD sous-­entend que le contractant peut, voire doit être d’« accord » avec les clauses de cette convention. Mais qui sur cette planète peut être d’accord pour vivre l’expérience de la précarité ? Personne.

Cette « mésinformation » conduit alors les personnes qui se voient proposer un CDD à être projetées dans une réalité qu’elles ne peuvent imaginer.

Ménagées au moment de l’embauche, leur confrontation avec le réel n’en est que plus difficile : il se produit alors un up and down émotionnel (processus biologique copieusement décrit par Britney Spears dans sa chanson éponyme).

Aussi serait-il préférable de rebaptiser les actuels CDD, par des acronymes plus justes, plus sincères, pour lesquels les futurs contractants ne feraient plus l’erreur de se projeter vers une réalité qui n’existe pas. Des acronymes tels que EDD (exploitation/escalavage à durée déterminée) ou ADD (abus à durée déterminée) pourraient être plus opportuns.

La précarité ne serait ainsi plus vécue comme une épreuve par le futur employé, mais comme une continuité de ses propres décisions, en concordance avec ses propres choix. 

Cette simple démarche de « renomination » permettrait de ne pas avoir à améliorer les conditions de travail des personnes en CDD tout en remédiant à cette aigreur ressentie de part et d’autre. Une solution si simple pour un si grand problème, on a presque envie de dire : c’est dédéprimant… 

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