« Aujourd'hui, ce que veulent les jeunes, c'est bosser », estimait Gérard Depardieu en 2007.

Cette jeunesse n’est pas la mienne. Autour de moi peu d’enthousiasme pour entrer dans la vie active. J’entends des propos désabusés, vivant le premier job non comme une nouvelle naissance mais comme une petite mort.

Le malaise de la jeunesse face au monde du travail ne concerne pas seulement ceux qui ont peine à y entrer. Elle touche aussi ceux accueillis à bras ouvert.

Évidemment cette situation n’est pas nouvelle. Chaque génération remet en cause l’ordre établi. Cela s’incarne souvent dans un genre musical (Jazz, Rock, Reggae, Punk), pour le dépasser et devenir un mode de vie. Dans le passé volontiers turbulente, voire révolutionnaire, la jeunesse paraît bien calme aujourd’hui. Elle s’ennuie comme dirait l’autre. Une frange significative est unie par la techno, ou plus généralement la musique électronique. Mais de même que notre musique est sans parole, nous n’avons pas de voix qui exprime dans la société ce malaise ressenti face a l’absurdité de la vie qui nous est proposée.

Quelles origines à ce phénomène ? Tout d’abord, il repose sur un imaginaire négatif autour de la vie au bureau.

Il y a des aphorismes qui marquent sur le champ, qui claquent dans notre cerveau et s’y impriment en lettre capitale. Question de timing, d’état présent de l’esprit. C’est le cas de cette sentence de 99 francs : « Il a accepté d'être insulté et humilié pendant quinze ans par ses employeurs et ses clients pour pouvoir emprunter de l'argent à la Société Générale afin d'acquérir un trois pièces à Levallois-Perret. »

Deuxième exemple: la fin de l’Auberge Espagnole. Xavier, jeune diplômé, arrive à Bercy, découvre un univers aseptisé et les discussions de machine à café. Il comprend de suite que ça n’allait pas être possible et part en courant. Ambiance…

Ce qui reste a priori des clichés, se trouve souvent confirmé par nos premières expériences : les stages. Apres un voire deux mois de découverte, l’ennui s’installe durablement, les taches répétitives donnent le sentiment d appartenir a une nouvelle classe : un nouveau prolétariat PowerPoint Excel ; le choc des générations est aigue malgré l’évidente bonne volonté des collègues. Si en plus ce stage peut être qualifié de bullshit job, ou job à la con en français, qui sont légions, la perspective d’une prochaine embauche se transforme en cauchemar.

Ce mouvement de rejet, difficile à quantifier, n’est pas propre à notre génération, il est seulement plus insidieux. Par le passé, on a pu dire plutôt avec raison « Rentrez chez, dans 20 ans vous serez tous notaires ». Impossible aujourd’hui : la jeunesse n’est pas dans la rue et nous ne serons pas tous notaires. Oui, la jeunesse est largement dépolitisée mais elle est plus que jamais en quête de sens. Seulement en attendant il faut bien manger et s’intégrer à ce monde qui ne nous ressemble pas. C’est le prix à payer pour s’extraire de cette France des CDD.

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