David Van Reybrouck est un écrivain belge d’expression néerlandaise, lauréat du Prix Médicis essai pour Congo, une histoire. Archéologue et philosophe de formation, il a été marqué par les crises institutionnelles qui ont secoué la Belgique, laissant le pays sans gouvernement pendant dix-huit mois, de juin 2010 à décembre 2011. Dans son ouvrage Contre les élections, il plaide pour une démocratie délibérative reposant en partie sur le tirage au sort, non pour désigner l’exécutif mais pour soutenir et enrichir le pouvoir législatif. À travers ses écrits et ses prises de parole, David Van Reybrouck rappelle que le tirage au sort était répandu dans la Grèce antique – où la plupart des postes étaient attribués ainsi – comme dans les républiques de Venise et de Florence au temps de la Renaissance. Cette pratique a disparu depuis la Révolution française, ne subsistant çà et là que pour désigner par exemple des jurés de cour d’assises. Selon lui, et en écho aux travaux du politologue Bernard Manin (Principes du Gouver-nement représentatif, Calmann-Lévy), les élections ont moins servi à installer la démocratie qu’à remplacer une aristocratie héréditaire par une aristocratie élective. S’appuyant sur les exemples de l’Irlande (66 citoyens tirés au sort avec 33 élus pour modifier la constitution et statuer en particulier sur le mariage homosexuel) ou du Texas (cet État pétrolier détient le record du nombre d’éoliennes), il conclut : « Quand les citoyens sont considérés comme des citoyens et pas seulement comme du bétail électoral, ils se comportent en adultes et non plus comme un troupeau. À l’inverse, beaucoup de partis politiques se conduisent comme des acheteurs de votes. Ils sont des chasseurs-cueilleurs, alors qu’il faut des agriculteurs. Ils ne font plus leur travail : celui de mobiliser en instruisant » (entretien à Libération, 7 mars 2014). Enfin, loin de vouloir passer « du fondamentalisme électoral au fétichisme du tirage au sort », il croit que nos sociétés fonctionneraient mieux ainsi, et est convaincu que la fatigue de nos démocraties n’est pas le signe d’une apathie politique.

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