« UN AMI, c’est un parapluie, qu’on retrouve dans tous les temps, et surtout dans les mauvais temps », fait dire Labiche à l’un de ses personnages du Misanthrope et l’Auvergnat. Or, le temps se gâte, par la faute de l’ami américain, aussi grossier qu’arrogant, qui se soucie de l’Europe comme de sa première chaussette et menace de retirer son parapluie nucléaire.

À quoi ressemble ce fameux engin ? Certainement pas à un parasol de plage, et encore moins à une ombrelle en dentelle. On imagine plutôt un formidable bouclier, une immense coupole blindée, capable de parer les coups les plus terribles.

Il s’agit pourtant d’un parapluie pliable, puisque Donald Trump entend le refermer et l’emporter Dieu sait où. Ne nous resterait plus en Europe que deux dispositifs du même genre, l’un français, l’autre britannique, mais de taille beaucoup plus modeste. Et si le nôtre n’a qu’un seul propriétaire, celui des Britanniques appartient pour moitié à l’Oncle Sam.

En bon français, « ouvrir le parapluie », c’est dégager sa responsabilité ou la faire endosser par quelqu’un d’autre. Rien de tel dans l’affaire qui nous occupe. C’est même le contraire : la France sent la nécessité d’assumer elle-même sa défense et semble disposée à étendre son parapluie à ses voisins européens. Elle leur demanderait naturellement de partager les frais, sans pour autant se dessaisir du bouton qui resterait dans sa main.

Il existe deux types de bons parapluies : un modèle conçu pour résister aux bourrasques et un modèle susceptible de plier ou de se retourner sans se casser. Soumise à des vents mauvais, l’Europe devra choisir entre la fermeté et la souplesse. De toute manière, la défense nucléaire n’est pas à l’abri d’un ennui, d’un incident, voire d’un vrai pépin. 

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