L’Europe :
« Nations, je vous offre et l’ordre et la beauté
Des ruines qui ont la grâce des jeunes filles
Et mes fleuves semblables aux vers des grands poètes
Et tous mes esclavages, toutes mes royautés,
Tous mes dieux charmants qui sont ma foi, qui sont mon art,
Tous ces peuples querelleurs et des fleurs odorantes.
Vous, Églises, où tes aïeules et tes croyants venaient s’agenouiller
Ô vieilles maisons, nourrices du progrès,
Carrefours où les âges choisirent leur route et s’en allèrent,
Patries, Patries, Patries dont les drapeaux me vêtent,
Fantômes, ô forêt du génie où chaque arbre est un nom d’homme,
Forêt qui marches à reculons sans que tu t’éloignes,
Je suis tous les fantômes, tous les ombrages,
Les patries, les villes, les champs de bataille
Amérique, ô ma fille et celle de Colomb. »

Dans La Femme assise, la Parisienne Paméla part aux États-Unis pour épouser un mormon polygame. C’est à Salt Lake City qu’elle assiste à un spectacle dialogué, célébrant l’union de l’Europe et de l’Amérique. Né à Rome d’une mère d’origine polonaise, naturalisé français en 1914, Apollinaire incarne cette Europe, entre passé et modernité. 

La Femme assise, Éditions Gallimard, 1948

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