Une sélection de 8 œuvres marquantes
Temps de lecture : 8 minutes
Le portrait de Mme Précilda de Guillebon (1959)
C’est en recevant la commande d’une effigie de Mme Précilda de Guillebon, l’épouse du directeur de l’École polytechnique, que Christo fera la connaissance de sa fille : Jeanne-Claude. Ensemble, ils partageront une existence entière et des ambitions artistiques d’une incroyable audace. Mais, à l’origine, Christo est un jeune réfugié bulgare qui a reçu une formation classique et dont les œuvres du début dénotent d’évidentes qualités de dessinateur et de portraitiste. Ici, il signe certes des effets de matière très vifs, aux limites du grumeleux, mais ne cède jamais à un expressionnisme furieux : les proportions sont respectées, les accords chromatiques entre les gris-bruns, les rouges et la carnation de la peau se montrent d’une grande justesse. Si déchaînement et bouillonnement il y a, ils sont comme contenus dans la fermeté élégante de la bouche fermée et du regard bleu du modèle. Sans aucun doute, Christo aurait pu être un grand peintre. Il fera mieux : il deviendra un immense artiste.
Christo Javacheff, Portrait de Précilda de Guillebon, 1959
Les cratères (série, années 1960)
Au lieu d’une peinture lisse, plane et représentant un sujet par une image, les Cratères de Christo, faits de métal, de glue, de colle, de sable, sont comme des topographies ou des modélisations de surfaces lunaires. La matière y est omniprésente, appelle presque le toucher autant que l’œil et flirte ainsi avec la sculpture. Il faut dire que les années 1950-1960 sont marquées par de nombreuses expérimentations de ce type, dans la continuité, entre autres, des effets d’épaisseur et de concrétion qu’on peut observer chez Jackson Pollock, avec ses effusifs drippings. Mais c’est surtout à un certain Jean Dubuffet, héraut de l’art brut et figure incontournable de la scène intellectuelle et culturelle de l’époque, que Christo doit beaucoup dans ces œuvres. Cette minéralité, cette sensualité aréneuse, le jeune Bulgare en avait vu le potentiel en 1959 lors d’une exposition de Dubuffet à la galerie Cordier. Ici, on peut penser à de grandes vues cosmiques et à des rêves de conquêtes spatiales ; ce ne serait pas faux, et c’était en effet aussi l’air du temps. Mais, à bien
« Christo voulait transgresser les frontières habituelles de l’art »
Nathalie Heinich
Si vous deviez rédiger la notice de Christo et Jeanne-Claude dans un dictionnaire, quels mots retiendriez-vous ?
L’expression fondamentale serait celle d’« art contemporain ». Christo s’inscrit dans ce paradigme qui a pris la place de l…
Regarder ou voir
Philippe Meyer
Louanges, gratitude et honneurs à ceux qui nous amènent à regarder ce que nous voyons. Nous avons cette dette à l’égard de Christo. C’est en cachant le Pont-Neuf qu’il nous l’a fait sinon découvrir, à tout le moins reconsidérer...
Regarder ou voir
Philippe Meyer
Louanges, gratitude et honneurs à ceux qui nous amènent à regarder ce que nous voyons. Nous avons cette dette à l’égard de Christo. C’est en cachant le Pont-Neuf qu’il nous l’a fait sinon découvrir, à tout le moins reconsidérer...