« C’était une civilisation éminemment optimiste »
« L’égyptologie porte en elle une part de rêve qui remplit les musées et déchaîne les passions, mais empêche parfois de reconnaître les vraies découvertes », souligne l’égyptologue Nicolas Grimal qui a été titulaire de la chaire « Civilisation pharaonique » du Collège de France de 2010 à 2020 et vient d’être élu secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.Temps de lecture : 8 minutes
La passion pour l’Égypte ancienne est-elle une spécificité française ?
C’est en tout cas une passion qui a occupé la France depuis plus de deux siècles et l’expédition de Bonaparte. Celle-ci a été un extraordinaire jardinage dans le passé égyptien, et pas seulement le passé pharaonique. Les Français, ayant échoué à s’imposer politiquement face aux Anglais, ont très tôt été perçus comme des amis de la nation égyptienne naissante.
Après l’expédition de Bonaparte, les travaux de déchiffrement de Champollion ont permis d’affirmer la spécificité de la recherche française. L’égyptologie, à l’époque, n’a pas encore de nom, elle ne sera nommée qu’après la mort de Champollion, mais c’est bien lui qui donnera ses lettres de noblesse à la discipline. L’attrait pour l’Égypte existait bien sûr auparavant, drapé d’ésotérisme devant ces vestiges mystérieux. Songez notamment à Mozart, quelques décennies plus tôt, qui avait célébré le merveilleux de la culture égyptienne avec La Flûte enchantée. Champollion, lui, va fonder une étude austère qui amènera le public à renoncer au merveilleux pour entrer véritablement dans la science.
Depuis, l’égyptologie est restée une passion française, grâce à Gaston Maspero, Auguste Mariette et bien d’autres, et la discipline porte encore indéniablement l’empreinte de la France, jusque dans les grands musées du Caire.
La France reste-t-elle aujourd’hui la première nation égyptologique ?
Ce serait de l’orgueil de le prétendre. Rapporté aux moyens mis en œuvre actuellement, je dirais que non. Rapporté à la couverture de l’ensemble de la civilisation pharaonique, c’est différent.
L’égyptologie, vous l’avez rappelé, conjugue le scientifique et le merveilleux pour le grand public. Est-ce une aubaine ou un piège ?
Il est vrai qu’on peut en imposer assez facilement en jouant du mystérieux : ce n’est pas uniquement la culture é


« C’était une civilisation éminemment optimiste »
Nicolas Grimal
L'égyptologue Nicolas Grimal évoque la passion paradoxale et un peu aveugle des Français pour l’Égypte antique, en regrettant la surmédiatisation de certaines informations superficielles.
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La journaliste et spécialiste de l’Égypte ancienne Florence Quentin nous offre un aperçu de l’architecture et des collections du GEM, gigantesque musée égyptologique.
L'affiche du 1
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