La campagne présidentielle, surréelle et épuisante d’abjection, n’a ressemblé à aucune autre de l’histoire moderne du pays. Des tabous ont été brisés et l’inconscient collectif des Américains a rugi hors de sa grotte. La fracture entre Noirs et Blancs, immigrés et xénophobes, libéralisme et mépris flagrant de la démocratie, s’est révélée plus crue que jamais depuis la lutte pour les droits civiques et les manifestations contre la guerre du Vietnam des années 1960. 

Clinton a été accusée de cultiver le secret, d’être corrompue, indifférente au sort des Américains ordinaires, d’avoir fait preuve de négligence criminelle concernant la sécurité nationale, d’être une menteuse compulsive et la marionnette grassement rémunérée d’escrocs de la finance. « Foutez-la en taule ! » (« Lock her up ! ») a été le cri de ralliement préféré des partisans de Donald Trump. 

En fait, Clinton est une professionnelle de la politique d’une rare intelligence, dont la carrière s’est construite à coup d’échanges de faveurs, de pactes et de compromis pour se hisser au sommet. Elle es

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