Rien de plus simple que le zéro. Un enfant apprend avec plaisir à dessiner le cercle qui le représente. C’est plus facile qu’un 4, un 5 ou un 8.

Dès qu’il grandit un peu, on lui explique que le zéro est une quantité nulle. Le mot vient d’ailleurs de l’arabe sifr, qui signifie « vide ». Le zéro, c’est rien. Pourtant, on peut aisément attraper un zéro en classe, et même collectionner les zéros. Allez comprendre…

Quand l’élève grandit encore, on lui révèle que ce fameux cercle, plus allongé qu’un O, n’a pas de valeur en lui-même (a + 0 = a). Mais, placé à la droite d’un nombre, il le multiplie par 10. Eh oui !

Cet objet mathématique, censé exprimer une absence, est omniprésent dans notre société sécularisée qui ne sait plus à quel chiffre se vouer. La croissance zéro empêche nos dirigeants de dormir, met le moral de la nation à zéro, encourage le populisme le plus primaire et nous fait atteindre le degré zéro de la politique. Mais on rêve de tolérance zéro, de zéro pesticide, de 0 % de matières grasses… Et, bien sûr, de remise des ­compteurs à zéro.

En ce début janvier, on efface tout et on recommence. S’ouvre une ère nouvelle : 2016 devient l’an I. Au calendrier grégorien se substitue le calendrier écolocitoyen, qui ne saurait être moins solaire que le précédent. D’où le même problème : l’année compte en moyenne 365,2425 jours et, pour arriver à un nombre entier, il faut y ajouter tous les quatre ans un jour intercalaire, à l’exception des années séculaires qui ne sont bissextiles que si leur millésime est divisible par 400. Ce n’est pas assez clair ? Alors, reprenons tout à zéro. 

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