Jamais à l’ère moderne une administration américaine (ministres et conseillers présidentiels) n’aura été aussi marquée à droite que celle concoctée par Donald Trump. Elle compte un grand nombre de représentants de l’oligarchie financière américaine et, chose extrêmement inhabituelle, trois généraux à des positions importantes. Michael Mullen, ex-chef d’état-major interarmées des États-Unis, a dénoncé une « militarisation du gouvernement » américain. Présentation de ses principales figures :

Carl Icahn
82 ans, conseiller à la régulation financière
C’est l’un des plus grands spéculateurs des États-Unis, aujourd’hui à la tête d’un patrimoine de 17 milliards de dollars. Spécialiste des « raids hostiles » sur les entreprises dans lesquelles il a investi, il les revend souvent au profit des actionnaires. Il milite pour une baisse drastique de l’impôt sur les bénéfices des sociétés. Il aura la responsabilité de démanteler la loi Dodd-Frank, votée sous Obama après la crise financière dans l’objectif de mieux protéger les investisseurs face aux « risques systémiques » des marchés financiers. « Il est temps de nous libérer d’une régulation excessive », a-t-il déclaré lors de sa nomination.

Steve Bannon
63 ans, conseiller stratégique
Il est la personnalité la plus clivante de la nouvelle administration. Patron du site Breitbart News, le plus en vue de l’alt-right – la nouvelle extrême droite américaine –, cet ancien banquier passé par Goldman Sachs est accusé par des adversaires très divers, y compris au sein de la mouvance conservatrice, de promouvoir le « suprématisme blanc », c’est-à-dire l’idée d’une supériorité naturelle de la race blanche. Breitbart News s’est spécialisé dans la diffusion d’articles racistes, sexistes et homophobes. Bannon, soupçonné d’antisémitisme, a cité Leni Riefenstahl, la cinéaste propagandiste du nazisme, comme une de ses sources d’inspiration. Il est convaincu que la priorité de l’Occident est de mener la guerre au « fascisme islamique djihadiste ».

Jeff Sessions
70 ans, secrétaire à la Justice
À peine désigné début janvier qu’il devient l’une des personnalités les plus controversées de l’administration Trump. Ce sénateur de l’Alabama est l’héritier politique des milieux les plus réactionnaires du « Vieux Sud » ségrégationniste (il fut empêché de devenir juge fédéral en 1986 pour avoir tenu des propos racistes). Au Congrès, d’abord sous la présidence de George Bush, puis sous celle de Barack Obama, il a mené toutes les batailles contre une loi qui aurait permis à des millions de sans-papiers d’avancer vers un accès à la citoyenneté américaine. Sa désignation à la Justice est perçue par les défenseurs des droits civiques et des minorités ethniques comme une véritable déclaration de guerre. 

Steven Mnuchin
54 ans, secrétaire au Trésor
Il a été banquier chez Goldman Sachs durant dix-sept ans et incarne ces financiers de Wall Street que Trump a vilipendés durant toute sa campagne. Une très large part de sa fortune provient du rachat et de la revente d’une société de crédits immobiliers, IndyMac. Lorsqu’il fit son acquisition, il s’agissait de l’une des compagnies les plus plombées par la crise des subprimes. Alors qu’il était à sa tête, cette société, devenue OneWestBank, a expulsé 36 000 propriétaires endettés, ce qui lui a valu des plaintes pour « partialité raciale ». Mnuchin sera chargé de mettre en œuvre les gigantesques baisses d’impôts promises par le nouveau président, en particulier pour les entreprises.

Jared Kushner
36 ans, haut conseiller
Gendre de Trump, promoteur immobilier à succès, il est le fils du richissime Charles Kushner, dont il a repris l’entreprise après sa condamnation à deux ans de prison ferme en 2005 pour fraude fiscale et corruption de témoins. Dénué de toute expérience politique, il serait selon certains le conseiller le plus proche du président. Il entretient aussi des relations de proximité avec Rupert Murdoch, le magnat de Fox, et Benyamin Netanyahou.

Michael Flynn
58 ans, conseiller à la sécurité nationale
Ce général, ancien directeur du renseignement militaire, évincé de son poste en 2013 pour ses critiques envers la politique antiterroriste d’Obama, incarne deux des grandes visions programmatiques de Trump : la conviction que l’Occident est engagé dans une guerre à mort avec l’islam radical (ce que, selon Flynn, Obama n’a pas su voir) ; et le rapprochement avec Moscou, qu’il a publiquement souhaité à plusieurs reprises au sujet du dossier syrien.

James Mattis
56 ans, secrétaire à la Défense
En le nommant, Trump a rompu un tabou : depuis soixante-six ans, aucun militaire n’avait été désigné à la tête du Pentagone. Ce général des marines, surnommé Mad Dog (« Chien Fou »), est connu pour son franc-parler (il a affirmé que la guerre en Irak fut « probablement une erreur stratégique »), mais aussi pour ses nombreux dérapages verbaux. Évoquant les insurgés afghans en 2005, il déclarait à des recrues américaines : « Ces mecs ne sont pas de vrais hommes. Donc c’est vraiment plaisant de leur tirer dessus. En fait, c’est très sympa de se battre, très marrant. » Bon spécialiste du Moyen-Orient, proche des dirigeants égyptiens et saoudiens, il incarne la fraction de la nouvelle administration la plus hostile au traité sur le nucléaire signé par les États-Unis avec l’Iran.

Wilbur Ross
79 ans, secrétaire au Commerce
Milliardaire, banquier chez Rothschild durant vingt-cinq ans, il a aidé Trump quand il était empêtré dans les faillites de ses casinos à Atlantic City. Il a créé sa société et bâti une fortune dans l’industrie métallurgique (en entretenant des liens étroits avec des oligarques russes), puis durant la crise des subprimes. Le risque pour lui de se voir accusé de conflit d’intérêts est jugé élevé par les observateurs. Il sera en charge de renégocier ou de dénoncer les traités commerciaux signés par les États-Unis.

John Kelly
66 ans, secrétaire à la Sécurité intérieure
Cet autre général des marines a dirigé le camp de Guantanamo et s’est opposé à sa fermeture. Ses attributions seront la lutte antiterrorisme et la sécurité des frontières ; il orchestrera la chasse aux immigrés clandestins.

Andrew Puzder
66 ans, secrétaire au Travail
Multimillionnaire, il a fait fortune avec ses chaînes de fast-food Hardee’s et Carl’s Jr. C’est un partisan acharné de la dérégulation du marché du travail, à commencer par l’abolition du salaire minimum horaire garanti. Ses sociétés font l’objet de plusieurs plaintes en justice pour « mauvais traitements » des employés.

Reince Priebus
44 ans, chef de cabinet
Il a été nommé en remerciement de son action à la présidence du Parti républicain durant la campagne : il est en effet parvenu à préserver la cohésion du parti autour du candidat Trump, malgré les nombreuses oppositions internes.

Mike Pompeo
53 ans, directeur de la CIA
Cet élu du Kansas a proposé de « bombarder » les sites nucléaires iraniens et de condamner à mort le lanceur d’alerte Edward Snowden. Il a beaucoup bénéficié du soutien des frères Koch, principaux financiers de la droite ultraconservatrice.

Gary Cohn
56 ans, conseiller économique
Longtemps numéro 2 de Goldman Sachs, cet ultralibéral en économie a quitté la banque avec un bonus de 266 millions de dollars.

Rick Perry
66 ans, secrétaire à l’Énergie
Cet ex-gouverneur du Texas, très lié aux milieux pétroliers, a longtemps milité pour… l’abolition pure et simple du ministère de l’Énergie.

Todd Ricketts
47 ans, secrétaire adjoint au Commerce
Multimilliardaire – les Ricketts sont la 66e famille la plus riche des États-Unis.

Betsy DeVos
58 ans, secrétaire à l’Éducation
Milliardaire à titre personnel et épouse du milliardaire Dick DeVos, héritier de la 88e famille la plus riche des États-Unis. Ultraconservatrice sur le plan des mœurs, elle milite pour le financement public des écoles privées.

Tom Price
62 ans, secrétaire à la Santé
Médecin, adversaire farouche de l’assurance maladie universelle, du planning familial et de l’avortement

Jason Greenblatt
50 ans, représentant pour les négociations internationales
Cet avocat de Trump a étudié dans une école rabbinique d’une colonie de Cisjordanie ; il est proche de l’extrême droite israélienne.

Scott Pruitt
48 ans, directeur de l’EPA (Agence de protection de l’environnement)
Ce juriste est un climatosceptique militant.

 

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