Plus personne ne prend les pollens à la légère. Pas même les habitants des campagnes, pourtant moins touchés par les rhinites allergiques. Le très urbain Raymond Queneau était gravement asthmatique : « une maladie existentielle », dont il ne fait pas ici de sainfoin malgré l’angoisse et les prières inutiles. 

 

On a coupé les foins

ce qui fait éternuer

messieurs les Parisiens

venus se reposer

 

les paysans du coin

savent qu’il faut qu’on prie

le grand monsieur Saint Foin

pour guérir l’allergie

 

le grand monsieur Saint Foin

a fait bien des miracles

pour les poumons qui sifflent

les bronches qui renâclent

et les nez qui reniflent

 

le grand monsieur Saint Foin

en met dedans les bottes

au fond des artichauts

et donne des calottes

aux gueulards ostrogoths

 

touristes transhumants

urbains itinérants

estivants parisiens

priez priez Saint Foin

dans sa chapelle (art roman)

 

Battre la campagne © Éditions Gallimard, 1968

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