Le dernier duel télévisé de l’élection présidentielle ronronnait. D’un ton mesuré, parlant des dangers de la fracture sociale, François Ruffin cherchait à rassurer celles et ceux qui l’assimilaient encore à la France insoumise.

– Je vous trouve bien mou, lui lança Gérald Darmanin. Vous devriez prendre des vitamines.

Piqué au vif, l’ancien trublion de gauche oublia son costume-cravate :

– Vous, ce sont les calmants qui vous ont manqué. Les Français se souviennent qu’en tant que ministre du Budget, vous avez supprimé l’ISF et les emplois aidés, baissé les APL, mis en place la flat tax

Le ton montait, rassurant l’animateur qui commençait à s’inquiéter pour l’audimat.

– Vous prétendez être l’avocat des classes populaires, monsieur Ruffin. Moi, j’en fais partie : ma mère était femme de ménage.

– Et alors, monsieur Darmanin ? L’ex-profession de madame votre mère ne vous autorisait pas à faire des conneries.

Sans se démonter, le ministre de l’Intérieur se lança d’une voix monocorde dans une longue défense des classes populaires, rappelant au passage qu’il était le petit-fils d’un tirailleur algérien.

– Vous n’avez pas le monopole du cœur, monsieur Darmanin !

– Attention, monsieur Ruffin, celle-là a déjà été faite : vous copiez Giscard.

– C’est mieux que de copier Le Pen !

Gérald Darmanin se contenta d’un haussement d’épaules, avant de demander à son adversaire s’il avalisait les propos très durs de Jean-Luc Mélenchon sur le patronat.

– Que vient faire Mélenchon dans notre débat ? répliqua Ruffin. Lui, c’est lui ; moi, c’est moi.

– Ah non ! Celle-là aussi a déjà été faite…

Cyril Hanouna, qui commençait à s’ennuyer, ne put s’empêcher d’intervenir :

– Mes chéris, vous prétendez parler au peuple, mais moi, je lui parle tous les jours. Et, là, je me demande s’il est encore devant le poste. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !