Chacun a sa petite idée sur ce que devrait faire le pape. Les uns attendent de la religion : logique ! Les autres de la politique : aucun problème. Le pape François pourvoit à tout. Observons tout de même que ses miracles sont plutôt d’ordre géopolitique. Piètre manager au Vatican, il parvient à réconcilier Washington et Cuba, deux ennemis héréditaires. D’où son périple actuel. Et avant même qu’il n’atterrisse à La Havane, les autorités cubaines libèrent 3 522 prisonniers politiques. Quel autre chef d’État, quelle autre grande figure spirituelle possède ce pouvoir de dénouer un contentieux politique international et de faire libérer des opposants ?

À chaque fois, François trouve les mots justes. La formule percutante. Au point de susciter un engouement collectif, phénomène mystérieux qui frappe ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas. Comment nier ce paradoxe ? Le pape est devenu l’horizon commun de nos sociétés modernes qui tournent le dos à Dieu. Il est le grand totem qui rassure même si on ne l’écoute pas. Et c’est cela qui est fascinant.

Benoît XVI incitait à la déprime ; le pape François inspire. C’est de l’injustice divine. Quand le chef de l’Église catholique se refuse à condamner les homosexuels en faisant observer : « Si une personne est gay, qui suis-je pour la juger ? », nous approuvons. Quand il critique la « mondialisation de l’indifférence », nous applaudissons. En fait, plus il nous fouette, plus nous l’acclamons. 

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