Tout le monde est d’accord pour dire qu’un référendum ne supporte pas l’ambiguïté : la question posée aux électeurs doit être clairement formulée. Mais se préoccupe-t-on de la validité de la réponse ?

« Que votre oui soit oui, que votre non soit non », demandait Jésus à ses disciples. Encore faut-il en être capable !

Pour certains, la proposition soumise au vote va de soi. S’ils devaient exprimer oralement leur approbation, ils diraient : « Oui, bien sûr ! Absolument ! Comment donc ! » Pour d’autres, au contraire, c’est « Niet ! En aucun cas ! Non et non ! Plutôt crever ! »

Mais il y a une troisième catégorie de citoyens, embarrassés par la question posée. Comment se prononceraient-ils sur un sujet complexe qui divise des gens très compétents ? Pour eux, ce n’est ni oui ni non.

La société de consommation est à l’opposé de ce choix binaire. Les Français qui veulent acheter une voiture, un ordinateur ou une brosse à dents trouvent une gamme immense de produits, entre les marques, les modèles, les couleurs et les prix. Même en politique, les sondages d’opinion les ont habitués à des réponses multiples : « Êtes-vous tout à fait d’accord ? Plutôt d’accord ? Pas vraiment d’accord ? Pas du tout d’accord ? » 

Ce n’est pas encore assez nuancé pour les indécis dont le sentiment oscille entre « oui, mais », « je ne dis pas non » et « je ne suis pas très chaud ». Les plus consciencieux sont tentés d’inscrire sur leur bulletin de vote quelque chose du genre : « Pourquoi pas ? C’est à voir. »

Les électeurs normands, eux, ont réglé le problème depuis des lustres, en répondant clairement : « P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non. »