Vous voilà donc réélu, monsieur le président. Entendez-vous déjà ce brouhaha ? Non, non, il ne s’agit pas d’applaudissements, mais de grondements et de menaces. C’est désormais le sort du vainqueur, quel qu’il soit. On a besoin d’un roi pour lui couper la tête, sans même attendre son couronnement, car tout s’accélère. L’état de grâce qui était censé durer cent jours ne dépasse plus dix minutes.

Entre les deux tours, vous avez annoncé un « renouvellement complet » de votre politique. Admettons que ce ne soit pas une simple promesse électorale. Changement d’orientation ou d’attitude ?

On vous reproche d’être hautain, loin du peuple, alors qu’aucun de vos prédécesseurs n’était allé « au contact » avec autant de gourmandise. Des bains de foule épisodiques ne laveront pas le soupçon de suffisance qui vous colle à la peau. À quoi tient la détestation dont vous faites l’objet de la part de beaucoup de Français ? À quels défauts ou à quels atouts ?

Macron II doit être, à la fois, péquin et monarque, proche et lointain

Vous êtes un premier de classe, devenu du jour au lendemain premier de cordée. Tutoyant les sommets, vous avez acquis en cinq ans une connaissance impressionnante du terrain. En dessous, on a du mal à suivre. Ça va trop vite, et pas toujours dans la direction qui avait été annoncée.

Vous êtes compétent, brillant, parfois même étincelant. Il va falloir être moins bon. Sans devenir un « président normal » pour autant. Macron II doit être, à la fois, péquin et monarque, proche et lointain. En même temps, comme dirait Macron I.

Selon le dicton, on ne se refait pas. Mais allez savoir ! Depuis qu’un comique ukrainien s’est mué en chef de guerre et icône nationale, il ne faut plus jamais dire « jamais ».