C'est décidé : j’arrête le plastique. Je ne veux plus, ai-je dit solennellement à ma famille, avoir chez moi un seul objet de ce genre, plus un gramme de ce matériau qui fait tant de mal à la planète !
Une première visite à la cave et au grenier m’a sidéré. J’y ai aperçu, entre autres : une table en formica, un téléphone en bakélite, un casque de moto en polycarbonate, un reste de sous-couche de parquet en polystyrène, des bâtons de ski et une canne à pêche en Kevlar, les fauteuils du jardin, des pistolets à eau, deux poupées et la dînette en polypropylène… Trois malles de vêtements étaient également pleines de poison : costumes en Tergal, pull-overs en acrylique, tee-shirts et chaussettes en Thermolactyl, maillots de bain en Lycra, blousons en polyester, imperméables en nylon, coupe-vent en Gore-Tex…
Voulant parer au plus pressé, c’est-à-dire à la cuisine, je n’ai su par où commencer, entre les poêles en Téflon, les films alimentaires, les boîtes de conservation, les sacs (de congélation, d’ordures), les bouteilles (d’eau, de lait, d’huile, de jus de fruits, de sauce à salade), les pots, les flacons, les barquettes, les assiettes, gobelets et couverts jetables, le mixeur, la bouilloire, la brosse à vaisselle, l’égouttoir…
Finalement, j’ai laissé tout en l’état. Et naturellement ma voiture, impossible à désosser. Il paraît qu’entre le tableau de bord, les sièges en Skaï, les pare-chocs, les clignotants, les feux arrière et ce qui se cache sous le capot, elle contient 120 kg de matières plastiques.
Mon épouse a raison : je devrais cesser de me prendre la tête avec cette affaire et me montrer plus souple. On ne peut pas vivre sans un peu de plasticité.