Robert Desnos refusa de suivre André Breton et les surréalistes dans le communisme. Mais, en 1936, il prend parti pour le Front populaire contre le fascisme. « Je chante ce soir non ce que nous devons combattre / Mais ce que nous devons défendre. / Les plaisirs de la vie. » 

Le Front populaire triomphe
Le Négus quitte l’Abyssinie
Le roi Fouad est mort
Un jour tous ces événements s’accorderont
Aux yeux de l’historien
Comme on y raccordera la prochaine éruption du Vésuve
Il est possible de résoudre les problèmes une fois passés
Mais leur solution trouvée
Il est difficile de prévoir les problèmes qui se poseront
Notre tâche n’est pas finie
Elle commence
Être toujours vigilant
Être toujours prêt
Être toujours inquiet
Mais toujours optimiste
Et ne pas avoir peur du coup dur
Voilà quelle doit être notre règle de conduite
Et ne jamais se laisser décourager par un échec
Car tout ne sera pas rose
Sur le chemin où nous nous engageons
Mais il n’y a pas que la rose comme fleur
Parmi les fleurs

Robert Desnos, Poèmes de minuit, inédits 1936-1940 © Éditions Seghers, 2023