C’est « un plan Marshall pour l’hôpital public » que proposent aussi bien Anne Hidalgo, candidate socialiste à l’élection présidentielle, que Jordan Bardella, président du Rassemblement national. « Un véritable plan Marshall », insiste Force ouvrière, comme s’il y en avait de faux. La Fédération des médecins de France (FMF) veut plutôt « un plan Marshall de la santé », tandis que l’Association des urgentistes exige « un plan Marshall pour l’accès aux soins ».
Toutes ces demandes pourraient se concilier, mais il y a concurrence, car les syndicats de magistrats réclament depuis des années « un plan Marshall pour la justice » et les syndicats d’enseignants « un plan Marshall pour l’éducation nationale ». Sans compter « le plan Marshall pour le fret ferroviaire » (sénateurs communistes), « le plan Marshall pour les stations de ski » (Laurent Wauquiez), « pour l’hôtellerie-restauration » (Philippe Etchebest), « contre la pornographie » (Famille chrétienne)…
Le général George Marshall, secrétaire d’État américain, qui a donné son nom à ce plan en 1947, doit s’agiter dans sa tombe. Que lui veut-on encore ? Et c’est quoi, cette histoire de pornographie ? Rassurez-vous, mon général : personne ne vous demande d’intervenir, ni de ressortir le chéquier. C’est une affaire entre nous. Mais votre nom est devenu synonyme de « mettre le paquet »… Non, non, rien à voir avec le packaging : on n’en est plus à l’emballage ! Il s’agit de sortir le grand jeu, de frapper un grand coup, d’employer les grands moyens, quitte à faire sauter la caisse. « Du fric, du fric pour l’hôpital public », scandaient les soignants descendus dans la rue. Money, money, quoi qu’il en coûte, pour la bonne cause.