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« La mobilisation des gilets jaunes recoupe la diagonale du vide »
Hervé Le Bras
La cartographie du mouvement des Gilets jaunes coïncide-t-elle avec celle des contestations historiques du pouvoir central ?
Si l’on considère que la grande référence en matière de contestation, c’est le catholicisme – qui était, jusqu’à une époque récente, opposé à la République –, la réponse est non. Les meilleures cartes que l’on connaisse sur ce sujet de la résistance à l’État jacobin ne correspondent absolument pas à ce que l’on sait du mouvement des Gilets jaunes ! De même, il n’y a pas de rapport avec la carte électorale du Front national ou de la France insoumise.
Avec quels outils étudiez-vous alors ce mouvement ?
Je me suis fondé sur les chiffres de manifestants fournis par l’exécutif, les préfectures. La fourchette est large : entre 0 et 1 000 Gilets jaunes, 1 000 et 5 000, 5 000 et 10 000, plus de 10 000 selon les départements. J’ai divisé ces chiffres par la population pour faire ressortir la proportion et la tendance. C’est relativement grossier parce que mon approche est départementale, mais c’est intéressant. Regardez : c’est une France dépeuplée, une France du vide qui apparaît. Elle part des Ardennes pour descendre en zigzag vers la Nièvre puis en direction des Pyrénées. La plus forte mobilisation se situe dans la Nièvre : 6,8 %, c’est énorme.
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[Jaune]
Robert Solé
On s’interrogeait sur les Gilets jaunes. L’explication est venue de Moscou. Selon Dmitri Kisselev, présentateur vedette de la chaîne publique russe Rossiya 1, il s’agit d’une « révolution de couleur », fomentée une fois de plus par les États-Unis. Après la « révolution orange » en Ukraine, voici donc la révolution jaune en France, survenue une semaine après qu’Emmanuel Macron ait plaidé pour la constitution d’une armée européenne.
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