Quel visage pour la France en ce début 2016 ? Celui de la division entre Français « de souche » et bi-nationaux qu’une procédure de déchéance de nationalité pourra viser s’ils bafouent l’« âme française ». Que de passions soudain déchaînées ! Après tout, qu’y-a-t-il de choquant à vouloir exclure de la communauté nationale des individus prêts à tuer froidement des citoyens français ? Pratiquée dans d’autres circonstances par Vichy, prônée par la droite la plus radicale, la déchéance de nationalité porte un lourd héritage. Est-ce une raison pour ne pas lui redonner vigueur, et rehausser du même coup la valeur de la nationalité ? En réalité, François Hollande a déclenché un séisme chez ceux qui placent l’égalité des citoyens au sommet des règles républicaines. Certes, la procédure de déchéance de nationalité figure déjà dans notre droit civil. La graver – l’aggraver – dans le marbre de la Constitution, c’est lui donner une force plus que symbolique. C’est instiller l’idée qu’il existerait en France des citoyens du cru, indéfectibles, et des demi-citoyens, révocables, un droit du sang plus fort que le droit du sol. Une déchéance des droits civiques n’aurait-elle pas le même impact, sans pour autant stigmatiser les 3,3 millions de bi-nationaux que compte la France ? Si notre civilisation est attaquée, ce n’est pas en la trahissant qu’on la défendra mieux. La République, une et indivisible, suppose une citoyenneté unifiée sinon unique. Prendrons-nous le risque de la diviser, que la France en sortira affaiblie.
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« Le passé est impitoyablement sacrifié à l’idéologie du jour »
Alain Finkielkraut
L’année 2015 a notamment été marquée en France par des attentats sans précédent et une nouvelle montée du vote Front national. Qu’est-ce que cela dit de notre pays ?
Depuis la mort de Hitler dans les ruines de Berlin, l’Europe est hantée par le spectre de l’hitlérisme. Elle s’inquiète de la résurgence des vieux démons, elle répète à satiété le vers inusable de Brecht – « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » – et elle pratique une vigilance de tous les instants. Mais cette vigilance a été prise à contrepied : le pire est arrivé et le pire ce ne sont pas nos démons, c’est notre ennemi. Un ennemi qui s’est manifesté les 7, 8 et 9 janvier, qui a ressurgi le 13 novembre, et que nous ne pouvons plus éviter de nommer : il s’agit de l’islamisme radical. Comme le rappelle Bernard Lewis, le djihad, c’est-à-dire le combat armé pour la défense et l’expansion de l’islam, est une obligation léguée aux musulmans par Mahomet. Nombre de musulmans ne se sentent plus tenus par cette obligation et souhaitent pratiquer leur religion en paix, dans le respect des lois du pays où ils vivent. Les islamistes, eux, prennent leur prophète au pied de la lettre. Ils considèrent qu’après plusieurs siècles de domination européenne sur le monde, l’heure est venue de la reconquête. Pour certains, cette reconquête passe par la terreur ; pour d’autres, plus patients, elle passe par la prédication, l’idéologie et l’immigration massive. Ils ne s’en prennent pas seulement à nos valeurs, mais à notre civilisation, c’est-à-dire à notre forme de vie, notre manière d’être, notre mode de présence sur terre. Ils nous ont déclaré la guerre et cette guerre qui viole toutes les lois de la guerre ne fait que commencer.
[Zéro]
Robert Solé
Rien de plus simple que le zéro. Un enfant apprend avec plaisir à dessiner le cercle qui le représente. C’est plus facile qu’un 4, un 5 ou un 8.