1. Production de la matière première
Les matières naturelles
Représentent 1/3 des matières utilisées dans le secteur de l’habillement
Végétales
Coton
Chanvre
Liège
Jute
Organiques
Soie
Cachemire
Laine
Le lin, matière écologique par excellence
Les matières chimiques
Représentent 2/3 des matières utilisées dans le secteur de l’habillement
Les matières synthétiques
Les matières synthétiques sont fabriquées à partir d’une synthèse de matières dérivées du pétrole ou de matières recyclées : nylon, polyester, acrylique…
70 % des matières synthétiques proviennent du pétrole.
Les matières artificielles
Les matières artificielles proviennent d’une synthèse chimique obtenue à partir d’un composé naturel. La cellulose de bois permet, par exemple, de créer de la viscose.
L'exemple du Polyester :
Cette matière dérivée du pétrole est extrêmement utilisée dans l’industrie textile. 45 millions de tonnes sont produites chaque année.
Les fibres synthétiques entraînent la dispersion de 500 000 tonnes de microplastiques non dégradables dans les océans, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique. Ces microfibres, qui se détachent au lavage, sont trop petites pour être filtrées par les stations d’épuration.
2. La transformation en tissu
Filature
Ces étapes sont bien souvent réalisées loin des pays consommateurs à cause de leur haut degré de toxicité pour l’environnement et la santé des travailleurs. Elles font appel à des milliers de produits chimiques extrêmement toxiques : chrome, mercure, cadmium, plomb, cuivre… L’usage de ces produits est interdit en Europe depuis la réglementation Reach de 2006, mais ce n’est pas le cas dans les pays asiatiques, et les contrôles sur les produits importés se font rares. 20 % de la pollution d’eau douce dans le monde est liée au traitement et à la teinture du textile.
Ennoblissement
La teinture est une étape critique. Ces dix dernières années, le nombre de cas de cancer a doublé dans les régions indiennes de teinture. Les dissolvants sont responsables de nombreux cancers du rein, de l’œsophage, de l’utérus et du sein. Dans le sud du pays, un paysan sur deux est stérile. Ils sont environ 30 000 à avoir porté plainte contre les teinturiers qu’ils estiment responsables de leur infertilité. Une corrélation a également été mise en évidence entre l’industrie textile et l’augmentation des cas d’autisme graves chez les enfants.
L’étape du sablage
3. La confection du vêtement
Le travail à la chaîne
L’industrialisation, puis les délocalisations, toujours plus lointaines, de l’industrie textile ont engendré un éclatement des différentes étapes de fabrication. Pour économiser les gestes des travailleurs, ces derniers se concentrent sur une seule et unique tâche.
80 % du PIB du Bangladesh repose sur l’industrie textile.
Le Drame du Rana Plaza
L’exploitation des femmes
L’Inde n’est pas en reste : dans le sud du pays, 50 000 jeunes filles sont forcées à travailler dans ses usines.
Le pays compte environ 4 600 usines textiles pour 230 inspecteurs.
Salaire
4. De l’usine au client
Du champ de coton à la boutique, un jean peut parcourir jusqu’à 65 000 km, soit une fois et demie le tour de la Terre. L’industrie textile génère à elle seule près de 10 % des émissions de CO2 mondiales. C’est plus que l’aviation et le transport maritimes réunis.
Le management du retour
Le succès de la vente en ligne, pratique qui s’est accélérée pendant la pandémie, repose sur une garantie : quand un article ne vous convient pas, vous avez la possibilité de le renvoyer et d’obtenir son remboursement. Or, ces cabines d’essayage domestiques ont un vrai poids écologique, a découvert Jessica Stolzmann, une journaliste finlandaise. En cachant des puces GPS dans les étiquettes de vêtements achetés puis retournés, elle a pu mettre en évidence que les articles étaient envoyés dans des centres de « management du retour » situés en Pologne et en Estonie. Ces centres partent du principe que les articles abîmés dont le prix de vente se situe sous la barre des 60 euros ne valent pas la peine d’être lavés ou réparés, puis renvoyés en magasin. Ils sont donc donnés à des organisations caritatives ou revendus à d’autres entreprises. Ces dernières décident alors généralement de les vendre en dehors de l’Europe, où ils finissent dans des boutiques locales ou détruits dans des régions où la gestion des déchets est peu encadrée. Les marques n’ont souvent aucune idée de la destination finale de leurs produits. Personne n’est tenu pour responsable. Au niveau de l’UE, on estime que trois milliards de colis sont retournés chaque année, l’équivalent de l’empreinte écologique d’une ville moyenne européenne.
5. La vie écourtée du vêtement
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La culture du coton
En quelques chiffres
Mais à quel prix ?
En Chine, ½ million de membres de la minorité ouïghoure sont exploités dans les champs de coton du Xinjiang.
100 et 150 millions de personnes, soit 1,5 à 2 % de la population mondiale, tirent leurs revenus du coton.
Les conditions météorologiques
Toute averse importante pendant la maturation estivale, ou au début de l’automne, est susceptible de ruiner la récolte.
Le cotonnier a besoin en moyenne de 2 000 litres d’eau pour produire 1 kilo de coton.
La mer d’Aral était le 4e plus grand lac du monde avant que ses principaux affluents ne soient déviés pour irriguer les champs de coton. Sa superficie équivalait à plus de deux fois la Belgique, soit 67 300 km2. Les pratiques agricoles agressives adoptées à partir des années 1960 ont asséché le lac, réduisant son volume de 90 % et sa surface de 75 %. 28 espèces endémiques ont disparu. Un barrage construit en 2005 par le Kazakhstan a permis au nord du lac de reprendre vie, mais l’avenir de la mer d’Aral n’est pas garanti.
Une culture très polluante
Les champs de coton couvrent environ 2,5 % des surfaces cultivées mondiales, mais engloutissent près de 5 % de la totalité des pesticides vendus aux agriculteurs, et plus de 10 % des insecticides. Le cotonnier nécessite jusqu’à 20 traitements pour une même parcelle chaque année. Pour un kilo de coton, il faut 75 g de pesticides et 300 g d’engrais chimiques.
1 à 3 % des travailleurs agricoles dans le monde souffrent d’une intoxication aiguë aux pesticides, qui se présente généralement sous la forme de brûlures oculaires, migraines, maux d’estomac, fièvre, cancers, maladies neurologiques, épilepsie, infertilité. Chaque année, au moins 1 million d’entre eux nécessitent une hospitalisation.
Le coton transgénique
Le jean 100 % coton
6 milliards de paires de jeans sont fabriquées chaque année.
La quasi-totalité sont teints avec de l’indigo synthétique, lui-même composé d’une dizaine de produits chimiques dont du pétrole, du benzène, du cyanure d’hydrogène et du formol. À l’origine, pourtant, la couleur indigo vient de l’indigotier, un arbuste des régions chaudes.
En France, la production de plantes tinctoriales est très marginale, mais certains s’efforcent de la relancer. En Provence, deux sœurs se sont lancées dans la culture de la persicaire à indigo, qui produit ce fameux bleu, mais aussi dans celle de la garance, une plante vivace appréciée pour son rouge, et de la gaude, une grande fleur jaune.
Y a-t-il des alternatives ?
Le coton biologique
Dans le Gers, trois agriculteurs ont réussi à faire pousser du coton bio. C’est une première en France.
La seconde main, un système pas si sain
En Afrique, où terminent 70 % des vêtements donnés dans le monde, la seconde main détruit progressivement l’industrie textile locale, elle-même souvent à base de coton bio, à tel point que des pays comme l’Ouganda, le Rwanda ou la Tanzanie souhaitent l’interdire.
Le recyclage au point (presque) mort :
En France
1 million de personnes sont actuellement employées dans le secteur de la mode, elles étaient 3,5 millions au XIXe siècle.
70 % de la production vendue aujourd’hui en France vient d’Asie du Sud-Est.
Réalisation Claire Martha
Conception Manon PaulicJulien Bisson
Sources principalesDana Thomas, Fashionopolis, le vrai prix de la mode et ce qui peut la sauver, De Boeck Supérieur, 2020
Ademe
Oxfam
Fashion Revolution,Livre blanc 2020
Éthique sur l’étiquette
Fairwear Foundation
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